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French to English: Olga Sviblova: One foot in France, the other in Russia... Moscow Times, June 2012 General field: Art/Literary Detailed field: Photography/Imaging (& Graphic Arts)
Source text - French Olga Sviblova : un pied en France, l’autre en Russie...
Olga Sviblova aime l’art, la photo, la Russie. Aujourd’hui directrice
du Musée d’art multimédia de Moscou, elle raconte sa découverte de la photographie sous l’Union soviétique, sa première Biennale après un voyage en France et le futur de l’art...
Les photographies du cinéaste Wim Wenders, aujourd’hui exposées au Musée d’art multimédia, sont frappantes.
Olga Sviblova : J’adore. Car vraiment ce sont des photos à suspense. Une méditation totale. Tu entres à l’intérieur et tu ne peux pas en sortir. Tu imagines ce qui s’est passé avant, ce qui s’est passé après, et à la fin tu restes dans le silence. Toutes les choses que tu peux avoir, les pratiques narcotiques, les pratiques méditatives... et bien tu peux juste regarder des photos comme ça : tu l’as. En même temps c’est ce qu’il y a de mieux dans les films de Wenders : ce vide.
Ce vide que l’on retrouve notamment dans son film Paris, Texas...
O.S. : Un de mes films préférés. L’atmosphère qui a cette sorte de
magie, non visible. Ses photos ne parlent pas mais en même temps, il raconte tout. Il te donne la possibilité d’imaginer ce que tu veux. Et même les photos de villes vides : tu t’arrêtes devant et tu entames un voyage imaginaire. Tu construis tout ce que tu veux, tu peux t’arrêter... C’est vraiment une photo d’atmosphère, qui crée un grand suspense. Et le suspense peut être comme dans les films de Hitchcock, quand tout s’accumule ou, au contraire, tout peut être très vide. Le vide invite à l’attention. Aujourd’hui on bourre l’espace de personnages quand on a peur car on craint le monde de la solitude et du silence. Et toute la vie est une histoire de ce passage : plus on a peur et plus on se ferme. Et ce type de création nous donne la possibilité de toucher ce moment de base de la vie.
Vous avez organisé votre première exposition en 1985, époque où la photo...
O.S. : Je vais interrompre votre question. Il y a beaucoup de mythes. Pour moi, il y a le temps physique. Il existe objectivement et il existe subjectivement. Et chacun de nous vit dans une époque spéciale. C’est notre temps. Certains vivent aujourd’hui dans les années 1970, dans les années 1960, d’autres en 2050. Certains vivent en accord avec leur temps, d’autres restent dans le passé et d’autres vivent déjà dans le futur. Et ça ne dépend pas de l’âge. Assez souvent il y a un lien mais aujourd’hui certaines personnes naissent et vivent comme en 1937 – un temps où notre pays connaissait les répressions staliennes.
Moi, je suis une enfant du « Printemps de Krouchtchev », après la
vingtième union du Parti communiste, quand les camps de prisonniers ont été ouverts et que la vie s’est libérée en Russie. La deuxième période de printemps était la perestroïka de Gorbatchev. On est tous de notre printemps. Je suis une enfant du printemps de Krouchtchev et j’ai eu la chance d’avoir une école extrêmement libre. Puis est venu le temps de Brejnev, dans les années 1970, qui donnait la possibilité d’une existence parallèle, si tu ne voulais partager cette soupe idéologique absurde.
Et la photo dans tout ça ?
O.S. : Elle a toujours existé en Russie, même si elle n’était pas
exposée. D’ailleurs l’un des premiers décrets de Lénine en 1917 était un décret sur la photographie car il avait très bien compris que ce média, dans un pays où 70% des citoyens ne savaient ni lire ni écrire, était une arme puissante. Il avait l’espoir d’utiliser cette arme. Il avait même aidé à équiper les soldats de l’armée rouge pas seulement de fusils - mais aussi d’appareils photos. Assez vite il a vu que tout ce qui s’est passé autour de lui allait à l’encontre de ses rêves car la guerre civile, en même temps que la Première guerre mondiale, a totalement démoli le pays. Et les soldats ne savaient pas utiliser les armes. Et je ne parle même pas des caméras...
Assez vite une nouvelle forme de photographie est apparue : le
photomontage. Il était bien supporté par le pouvoir communiste et il a existé jusqu’au début des années 1930, quand en Russie nous avions plus d’éditions photographiques que dans le monde entier. Et c’est le moment du développement de notre underground avec Routchenko, Ignatovitch, Petroussov etc. Le paysage de la vie photographique était très diversifié. Car nous avions l’Union des photographes, qui existait depuis la fin du XIXème siècle et avait créé un mouvement fort et très réputé dans le monde entier : le pictorialisme russe - qui est devenu, déjà dans les années 1930, une forme de résistance tranquille.
Et tout ça existait, donnait beaucoup d’expositions... La fin de ça
est arrivée en 1934, quand les formes du réalisme socialiste ont
habillé la création d’une jaquette de métal. A ce moment-là, la
photographie russe est devenue comme dans tous les pays totalitaires : tous les photographes avaient à peu près le même style. Les formes de l’art totalitaire sont partout pareilles. Cela a existé jusqu’à la Deuxième guerre mondiale.
Qu’est-ce que la Seconde guerre mondiale a changé au monde de la photographie ?
O.S. : Elle a donné beaucoup à la photographie russe puisque les
photographes comme les soldats se sont battus pour leur propre pays. Car même si les soldats criaient le nom de Staline lors des attaques, l’idée était bien de défendre sa propre famille, son propre village. Et dans ce moment-là, la Russie, qui a connu la tragédie la plus forte parmi les 72 pays qui participaient à la guerre, a donné une création photographique très forte. Tous les photographes qui avaient été pressés par le réalisme socialiste et le pouvoir ont découvert là-bas une seconde liberté. Leurs créations n’étaient pas toutes publiées, soit. Baltermants, par exemple, dont les photos emblématiques de la Seconde guerre mondiale n’ont été publiées pour la première fois en France qu’au début des années 1960. Mais c’était pareil pour tous les pays : il y avait une censure.
En 2000, j’ai monté un projet pour réunir les sources photographiques des 72 pays participant au conflit. C’est très intéressant car quand on regarde les livres, on a l’impression que chaque pays avait sa propre guerre. En fait, quand tu les réunis, tu te rends compte que le sujet est le même, que les malheurs sont les mêmes . Les photos de Norvège sont en fait très similaires aux photos faites en Afrique ou en Allemagne après les bombardements. Tu réalises que les femmes dans les usines militaires américaines sont les mêmes que les femmes dans les usines militaires en Russie. Et que les enfants au milieu des désastres sont les mêmes.
Après la Seconde guerre mondiale, la photographie revient au service de la machine idéologique. Mais dans le même temps, dès le début des années 1960, l’underground photographique est né. Et les clubs photographiques, pendant le printemps de Krouchtchev, sont apparus comme les champignons après la pluie...
Dans ce contexte, comment avez-vous découvert la photo ?
O.S. : Je travaillais avec la culture underground . J’ai terminé la
faculté de psychologie à l’Université de Moscou au moment où
l’éducation était la meilleure. Il ne s’agissait pas d’une faculté de
sciences exactes – touchées par l’attitude idéologique du pouvoir – ni de siences humaines. On était entre les deux. Ma spécialisation était le processus créatif car depuis l’âge de 19 ans, j’étais liée à la
culture underground – et mon premier mari était poète de cette
culture. Et le fait que je sois une psychologue du processus créatif
m’a permis plus facilement d’organiser des expositions sur le modèle de vie alternatif par exemple. J’ai créé l’un des premiers festivals de l’underground russe, en 1987 en Finlande.
Qui étaient ces artistes de l’underground russe ?
O.S. : Toutes les stars de l’art contemporain russe d’aujourd’hui. Le
squat de Formani, les groupes de Mukhamor, Konstantin Zediatioutov, les frères Miranienko, Filipov et les autres. Moi j’avais mon film Carré noir, qui avait reçu un prix à Cannes... Un film sur la culture underground depuis la mort de Lénine jusqu’en 1988, quand ce monde a été découverte. J’ai essayé de montrer dans ce film comment la création du mouvement est directement liée avec la vie extérieure, la situation sociale etc.
Au milieu des années 1990, il n’était pas possible de faire quelque
chose en Russie avec l’art contemporain puisque le marché chutait
partout dans le monde. Mais auparavant, ce marché a explosé en Russie avec l’intérêt suscité par la perestroïka. Cette vague a poussé l’underground sur des étages très élevés de la scène artistique internationale. En Russie, nous n’avions pas d’institutions
commerciales ni de galeries, pas de marché, pas d’Etat qui pourrait
supporter ce type de création et il était nécessaire de faire
quelquechose.
A ce moment-là, j’avais déjà passé beaucoup d’années en France.
J’avais beaucoup travaillé là-bas et j’ai beaucoup appris de
l’expérience française de la photographie. La photographie m’a alors excitée de deux manières : premièrement car c’était l’un des médias préférés de l’art contemporain avec Boltansky, Annette Messager, Nan Goldin, Cindy Shermann... Tout ça est né à ce moment-là. Dans le même temps, j’ai l’impression que la photographie peut nous ouvrir l’histoire et la Russie, cinq ans après la chute de l’Union soviétique, qui essayait de regarder ce qui nous attendait dans le futur, avait besoin de l’histoire plus que les autres. Jusqu’à aujourd’hui, je ne vois aucune différence entre l’art et la
photographie. Seulement, la photographie a parfois force de
documentaire.
Pourquoi donc une Biennale de photographie ?
O.S. : En 1985, par hasard, j’ai rencontré à Paris des représentants
de la mairie de Moscou, qui étaient venus conclure le premier accord culturel entre Moscou et Paris. Ils m’ont demandé de les aider à traduire les conversations. J’ai alors proposé de faire une analogie du Mois de la photo à Paris avec une Biennale à Moscou. Les représentants de la mairie ont donné leur feu vert. En 1996, nous avons lancé la première photobiennale à Moscou. Et en 1999, nous avons créé une deuxième biennale dédiée à la mode dans la photographie.
En Russie, le monde de la photographie...
O.S. : Il n’y a pas de monde de la photographie. Il y a des
personnalités dans le monde de la photo. Et ces personnalités
regardent le monde à travers des prismes divers et variés.
Peut-on révolutionner l’art aujourd’hui ?
O.S. : Je pense que c’est toujours possible mais qu’on attend
encore... J’imagine que l’art deviendra interactif, qu’il vivra et
touchera ces mondes virtuels. Je pense que là-bas, la révolution est possible. Qu’elle viendra très vite. L’art, c’est la communication. Si aujourd’hui on assiste à un changement de communication, cela veut dire que cela va changer les formes de l’art.
Translation - English Translation for the Moscow Times, May 2012
Olga Sviblova: One foot in France, the other in Russia...
Olga Sviblova loves art, photography, and Russia. The director of the Multimedia Art Museum in Moscow talks about discovering photography in Soviet times, her first Biennale after a stay in France, and the future of art...
The collection of photographs by the filmmaker Wim Wenders currently on display at the Multimedia Art Museum is striking.
Olga Sviblova: I love it. Because they really are photographs of suspense. A total meditation. You enter into them and you can’t get out. You can imagine what happened before, what happened after, but at the end you are lost for words. Take any kind of mind-altering pursuit, from narcotics to meditation – you only have to look at his photos to get all those effects. It’s the same with his films – the most wonderful thing about them is their emptiness.
The emptiness that is such a hallmark of his film Paris, Texas...
O.S: One of my favourite films. Its atmosphere has a kind of invisible magic. His pictures are wordless, but at the same time, they speak volumes. They allow you to give full rein to your imagination. And even the photos of empty cities: as you stand before them, they send you off on a journey of the imagination. You can build anything you want, you can stop... It’s genuinely atmospheric photography, which in turn gives rise to this huge suspense. And the suspense can be like in a Hitchcock film, where everything accumulates, or conversely it can be very, very empty. An emptiness which draws our attention. Today we pack our space with characters because we have a fear of solitude and silence. And the whole of life is the story of this trajectory – the more afraid we are, the more we close down. And this type of creation gives us the chance to touch base with this moment in life.
You organised your first exhibition in 1985, at a time when photography...
O.S: I’m going to interrupt your question. There are a lot of myths. For me, there is physical time. It exists objectively and subjectively. And every one of us lives in a special era. It’s our very own era. Today, some people are living in the 1970s, others in the 1960s, others in 2050. Some live in accordance with their time, others remain in the past and others are already living in the future. And that has nothing to do with age. Sometimes there’s a link, but today some people are born and live as if it were 1937 – a time when our country was living under Stalin’s repressive rule. I myself am a child of the ‘Spring of Kruschev’, after the 20th union of the Communist Party, when the prison camps were opened up and life in Russia became freer. The second Spring period was Gorbachev’s Perestroika. We each have our own spring. I am a child of the Spring of Kruschev and I was lucky enough to have a very liberal education. Then came the Brezhnev era, in the 1970s, which offered the chance of a parallel existence, if you didn’t want to share that absurd ideological soup.
And where does photography fit into all that?
O.S: It has always existed in Russia, even when there were no exhibitions. In fact one of Lenin’s first decrees in 1917 was on photography, because he had understood that this medium, in a country where 70% of the citizenry could neither read nor write, was a powerful weapon. And he hoped to use that weapon. He even helped to equip the soldiers of the Red Army not only with guns, but with cameras as well. He quickly saw that all that was going on around him was running counter to his dreams, because the civil war, which was being waged at the same time as World War I, completely destroyed the country. And the soldiers didn’t know how to use their weapons, never mind cameras.
Quite quickly, a new form of photography emerged: photomontage. It was well-supported by the Communist Party and it existed until the early 1930s, a time when Russia had more photographic publishers than in the rest of the world put together. It was the time when our underground emerged, with Rodchenko, Ignatovich, Petrussov, etc. The photographic landscape was an extremely varied one. We had the Photographers’ Union, which had been in existence since the end of the 19th Century, and had created a strong movement with a distinguished international reputation: Russian pictorialism – which by the 1930s had become a form of peaceful resistance.
So all that gave rise to a flood of exhibitions... The end of that period came in 1934, when the forms of Socialist Realism put on a kind of metal jacket. That was when photography in Russia went the same way as in any other totalitarian state: all photographers adopted pretty much the same style. The forms adopted by totalitarian art are the same everywhere. And that went on until World War II.
What impact did World War II have on the world of photography?
O.S: It made a big contribution to Russian photography because photographers had joined with soldiers in fighting for their country. Even if the soldiers shouted Stalin’s name when they went into battle, the main idea was to defend their own families, their own villages. And it was at that moment that Russia, which suffered the greatest tragedy of all the 72 countries which were involved in the war, was creating powerful photographic art. All the photographers who had felt oppressed by Socialist Realism and the authorities discovered a second freedom. Their creations were not all published - Baltermants, for example, whose emblematic photos of World War II didn’t see the light of day until they were published in France in the early 1960s.
In 2000, I launched a project to bring together photography from the 72 countries which participated in the conflict. It’s very interesting because when you have looked through the books, you’re left with the impression that each country had its very own war. In fact, when you bring them all together, you realise that the subject is the same, that the suffering is the same. The photos of Norway are actually very similar to photos taken in Africa or in Germany after the bombardments. You realise that women in the American munitions factories are the same as the women in the Russian munitions factories. And that children caught up in the middle of disasters are also all the same.
After World War II, photography was brought back into the service of the ideological machine. But then, in the early 1960s, an underground photography was born. And during Kruschev’s Spring, photography clubs started to multiply like mushrooms after rain...
In this context, how did you discover photography?
O.S: I was working with elements of underground culture. I graduated from the Faculty of Psychology at the University of Moscow at a time when Russian education was at its finest. It wasn’t a faculty of natural sciences – affected by the ideological attitude of the authorities – nor of human sciences. We were somewhere in between. My specialism was the creative process because from the age of 19, I had been linked to underground culture – my first husband was a poet of the underground. And being a psychologist of the creative process meant it was easier for me to organise exhibitions on the alternative model. I created one of the first festivals of the Russian Underground in 1987 in Finland.
Who were these artists of the Russian Underground?
O.S: All the stars of Russia’s contemporary art scene today. The Formani squat, the groups around Mukhamor, Konstantin Zediatiutov, the Miranienko brothers, Filipov and the others. I made my film Carré Noir (Black Square), which won a prize at Cannes... A film about underground culture from the death of Lenin up until 1988, when this world was discovered. I tried to show in the film how the creation of the movement was directly linked to life outside, to the social situation, etc.
In the mid-1990s, it wasn’t possible to make a living in Russia from contemporary art because the market was in freefall all over the world. But prior to that, that market had exploded in Russia with all the interest sparked by Perestroika. That wave pushed the underground onto the highest echelons of the international artistic scene. In Russia, we had no commercial institutions or galleries, no art market, and the State wasn’t able to support this kind of creative activity, so it became necessary to take action.
At that time, I had already spent many years in France. I had done a lot of work there and I’d learnt a great deal from the French photographic experience. So photography excited me in two ways: first because it was one of the most popular forms of contemporary art, with Boltansky, Annette Messager, Nan Goldin, Cindy Shermann... All that was born at that moment. At the same time, I felt that photography could open up history to us, and Russia, five years after the fall of the Soviet Union, was trying to see what the future held, and had more need of history than most. Today, I still see no difference between art and photography. The only thing is that photography can sometimes have the power of documentary.
So why a Biennale of Photography?
O.S: In Paris in 1985, I had a chance meeting with some representatives of Moscow City Hall who had come over to seal the first cultural accord between Moscow and Paris. They asked me to help with interpreting. So I suggested Moscow host a Biennale as a partnership event to the Mois de la Photo (Month of Photography) in Paris. The people from City Hall gave it the green light. In 1996, we launched the first Photo Biennale in Moscow. And in 1999, we created a second Biennale devoted to fashion photography.
In Russia, the world of photography....
O.S: There is no world of photography. There are personalities of the world of photography. And these figures look at the world through diverse and varied prisms.
Is it still possible to revolutionise art today?
O.S: I think it’s always possible, but what we’re waiting for is... I imagine that art will become interactive, that it will live and touch these virtual worlds. I think that that’s where revolution is possible. And that it will come swiftly. Art is communication. And if we’re witnessing a sea-change in the way we communicate, it follows that art will also undergo change.
c Laura Haydon 2012.
French to English: Beauty is in the eye of the beholder - how to entrepreneurial role models influence students' intention to engage in entrepreneurship? General field: Bus/Financial Detailed field: Management
Source text - French http://www.tbsearch.fr/la-beaute-est-dans-loeil-de-celui-qui-regarde-comment-les-modeles-de-role-dentrepreneurs-influencent-ils-lintention-dentreprendre-des-etudiants/
Translation - English http://www.tbsearch.fr/en/beauty-is-in-the-eye-of-the-beholder-how-do-entrepreneurial-role-models-influence-students-intentions-to-engage-in-entrepreneurship/
French to English: RETAIL GEOGRAPHY AND THE BUILDING OF A SUSTAINABLE CITY General field: Other Detailed field: Geography
Source text - French GEOGRAPHIE DU COMMERCE DE DETAIL
ET CONSTRUCTION D’UNE VILLE DURABLE
Mots-clés : Commerce de détail, durabilité, géographie du commerce, ville durable, urbanisme commercial, gouvernance
La thématique du développement durable est aujourd’hui indissociable des études de géographie du commerce. Dans ce champ thématique comme dans d’autres, cela ne signifie pas que ce renouvellement de l’approche d’un secteur économique n’a pas donné lieu à des débats. Elle demeure toujours discutée en raison de la faiblesse de ce que d’aucuns qualifient de « doxa molle » (Lévy Lussault 2003). Par contre, cela signifie qu’à partir du milieu des années 2000 l’étude du commerce, qu’il s’agisse du commerce rural ou du commerce urbain, selon une approche plutôt ciblée sur la structuration de l’offre ou alors ambitionnant d’étudier la demande, ne peut plus faire l’économie d’un élargissement du champ de la réflexion. La question de la durabilité amène la géographie du commerce à intégrer d’une façon plus systématique la question des flux logistiques, des mobilités, du positionnement des établissements commerciaux dans les problématiques urbaines plus larges et des pratiques de consommation dans le fonctionnement territorial global.
C’est là une tendance allant dans le bon sens à la fois d’un point de vue épistémologique par la mise en lumière de l’intérêt d’une approche de diverses problématiques territoriales par le prisme des évolutions du commerce de détail mais aussi, et de fait, du point de vue du positionnement de ces études en termes d’opérationnalité. Nous allons ici nous focaliser dans le champ de l’urbain au travers du diagnostic d’une modernité commerciale qui a fortement bouleversé les localisations commerciales au sein des villes et entre les villes, interrogeant les acteurs de ce processus et leur légitimité d’action. Mais il convient au préalable de revenir sur l’accueil pour le moins distant vis-à-vis du développement durable.
1. Une géographie du commerce réticente à l’approche du développement durable
Le rapport des géographes à l’idée de développement durable est ambivalent. D’un côté l’impulsion intellectuelle initiale est séduisante car elle inscrit l’analyse sociétale à la croisée de l’économique, du social et de l’environnement. Et les géographes sont finalement assez bien outillés pour aborder et gérer la complexité de cette rencontre. L’approche territoriale permet même dans des contextes variés des diagnostics et des propositions thérapeutiques. Certains géographes voient ainsi dans le réamorçage parallèle d’une écologie urbaine une opportunité pour la discipline, porteuse d’un tournant, ou retournement, épistémologique (Berdoulay, Soubeyran 2002). De fait, la ville ne « reprend-elle pas une épaisseur psychologique, sociale, biophysique, matérielle et technique » ? Lorsque Berdoulay et Soubeyran nous invitent à considérer la crise de la modernité comme un encouragement « à considérer le milieu non plus comme une contrainte à dépasser mais plutôt comme un principe d’organisation en aménagement et, partant, en urbanisme », l’idée trouve un écho très séduisant du côté d’une géographie du commerce conduite à un rapprochement entre l’activité économique productrice d’urbain qu’est le commerce et l’approche imposée du développement durable.
Mais des réticences sont exprimées face au manque de soubassements théoriques de l’idée de développement durable à commencer par l’association même de développement, donc de croissance, et de durabilité. Certains « apôtres » de la décroissance n’ont de fait pas hésité à afficher un « à bas le développement durable » (Latouche 2003). D’autant que le terme de « durable » permet bien des abus de langage. En effet, cette traduction du terme anglais de « sustainable » par celui de durabilité/durability ouvre la porte à un élargissement, pour ne pas dire un dévoiement de l’usage. De classiques politiques de développement territorial, annoncées comme créant de l’emploi sont à ce titre qualifiées de durables. Cela ouvre encore plus grande la porte en direction d’une « durabilité faible » faite de petits pas voire d’affichage, plus que support à un changement paradigmatique.
Entreprises et promoteurs commerciaux n’ont pas été avares de cette instrumentalisation comme nous en jugerons par la suite. Mais ce n’est pas la première raison pour laquelle, les hésitations à se saisir du développement durable ont été palpables en matière de géographie du commerce. Les débats ont trouvé un écho démultiplié par l’objet même de la recherche, le commerce. En effet, lorsqu’on parle de commerce à quoi fait-on référence ? A un intermédiaire en charge de la mise en relation d’une offre et d’une demande se traduisant par une transaction économique. Un mot est lâché, celui d’intermédiaire, avec un premier bémol, la défiance par rapport à l’utilité du commerçant. Cette défiance a des racines profondes puisant tant du côté d’un héritage judéo-chrétien qu’à l’autre bout du spectre idéologique s’étendant jusqu’aux épigones plus ou moins fidèles du marxisme. Sans entrer dans le détail des reproches, on peut reprendre les mots très forts d’un ancien géographe, Elisée Reclus (1908) : « L’essence du commerce fut toujours la fraude » et plus loin d’affirmer que « par ses occupations inutiles, encombrantes, malfaisantes, le commerce « fait vivre » une foule de gens, mais la société aurait certainement plus d’avantages à les nourrir à ne rien faire » ! Certes tous les géographes français du moment et leurs descendants ne partagent pas ce propos outrancier. Par contre, au travers des choix thématiques, on voit se dessiner une désaffection certaine pour l’étude du commerce qui à côté de l’industrie –la vraie production !- l’agriculture ou des services perçus comme plus nobles, apparaît comme le parent pauvre de la géographie économique et urbaine.
Mais l’évidence économique, territoriale et paysagère de l’affirmation d’une société de consommation conduit de nombreux géographes à s’intéresser à ce secteur (Coquery 1977, Delobez & Beaujeu-Garnier 1977). Cette désaffection pour ne pas dire l’indignité qui s’attache à travailler sur un tel secteur apparaît alors d’autant plus décalée que l’on ne peine pas à justifier la place du commerce selon différents registres (Beaujeu-Garnier 1982 ; Dugot 2019). D’un point de vue économique, il convient d’abord de prendre en compte que le commerce n’est pas qu’un intercesseur passif. Il n’accompagne pas simplement l’écoulement d’une myriade de produits, rendant leur diffusion possible au passage, mais il stimule de plus en plus cet écoulement.
Dès lors que l’on se situe dans le champ d’un rapprochement avec le développement durable, la levée de cette défiance par rapport à l’utilité du commerce nourrit un deuxième bémol. En effet, la justification de l’utilité du commerce demeure ancrée dans une société de consommation qui par son essence même questionne la durabilité du développement. Le rapprochement réflexif entre commerce et développement durable relève alors de l’oxymore ! La finalité du commerce n’étant pas simplement de vendre mais de stimuler la vente, donc la production et la consommation de biens et de ressources, il en découle des flux logistiques et de consommateurs renforçant l’empreinte des activités humaines sur l’environnement. D’autant que lors de ces dernières décennies, cette société de consommation s’est bâtie sur des territoires de plus en plus étendus : la planète pour les approvisionnements des magasins et des zones de chalandise à l’échelle de l’automobile pour les courses. En outre, d’un point de vue social, ne parle-t-on pas de la « walmartisation » des emplois pour signifier l’émergence d’une classe de travailleurs mal payés et peu protégés ?
Ce rôle actif des activités commerciales comme ferment d’une consommation érigée au rang de mode de vie est à la source d’une interrogation fondamentale en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme et d’un dilemme pour les géographes. D’un côté on peut attribuer au commerce un rôle indéniable dans l’animation des territoires et donc leur attractivité. A l’échelle des édiles locaux comme à l’échelle des discours nationaux, l’absence de commerce est vue comme un handicap territorial. Des dispositifs spécifiques ont ainsi été développés (Dugot 2017) : dans les quartiers à problème nés du fonctionnalisme urbain, un organisme, l’EPARECA , affiche comme ambition de « redonner de la vie par le commerce » ; face à la déréliction du centre-ville dans de nombreuses villes moyennes et petites, l’opération « Coeur de ville » a été mise en place sous l’égide du gouvernement. A partir de 2017, l’objectif a été de « revitaliser » les espaces centraux, les activités commerciales étant un élément important du dispositif . Dans tous les cas, il s’agit de maintenir un commerce auquel on attribue d’autres vertus que le seul échange économique. On évoque une activité essentielle au vivre ensemble, élément peu contestable d’une durabilité des territoires. D’un autre côté, faut-il soutenir toutes les démarches d’aménagement centrées sur ce secteur dans le sens où elles confortent une société de consommation ? Un centre commercial est une activité économique dont l’accueil a nourri une importante concurrence entre les municipalités. C’est d’autant plus vrai que l’extension parfois régionale de certaines aires de chalandise a mis dans l’ombre d’autres territoires. Un exemple archétypal est donné par les centres de marque et magasins d’usine qui ont souvent été l’occasion de renouveler des espaces en crise (cas des villes de Roubaix ou de Troyes) (Lamy 2009). Tant d’un de vue urbanistique que social ou économique, voilà qui peut apparaître louable à l’échelle du territoire concerné. C’est autre chose du point de vue de la logique d’une opération visant à générer des mobilités de consommation à des échelles parfois internationales.
Au-delà du seul champ de l’économie, le commerce joue donc un indéniable rôle d’animation des territoires ce qui en fait un outil des politiques d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Mais comment oublier qu’il est aussi le fer de lance d’une société de consommation aux antipodes d’un développement durable ? Voilà qui contribue à faire du secteur commercial un oublié (quand on n’est pas dans le déni ou la franche opposition) des réflexions géographiques plus larges autour de la durabilité.
2. La fertilité d’un rapprochement au risque d’une instrumentalisation
C’est donc un peu tardivement, au mi-temps des années 2000 que la géographie du commerce va se saisir de la thématique du développement durable après avoir beaucoup étudié la modernisation commerciale et les transformations structurelles qui en ont découlé. On peut signaler comme borne importante, un colloque intitulé « Commerce et développement durable » qui s’est tenu en 2005 à Toulouse sous l’égide de la Commission nationale de géographie du commerce. Activités commerciales et développement durable ne font pas bon ménage ? Tout le processus de modernisation commerciale est le support de cette surexploitation des ressources ? Indéniablement. Mais justement, c’est ce qui rend particulièrement fertile un rapprochement réflexif entre développement durable et activités commerciales. Le secteur s’impose comme un levier potentiel de décarbonation de nos sociétés qu’il s’agisse des produits vendus, de leur origine ou de la façon dont ils sont rendus accessibles aux consommateurs. Sans compter que la consommation est un acte social important et donc que son empreinte dans les modes de production de l’espace est essentielle. Lemarchand (2010) le revendique fermement : « renouveler durablement les villes ne peut se réaliser sans le commerce, car il est un moment fort de la sociabilité urbaine ; l’échange qui se fait n’est pas seulement économique, c’est aussi une transaction sociale et culturelle. » Quiconque envisage la thématique de la durabilité du développement ne peut donc faire l’économie d’une intégration de la sphère commerciale dans l’équation. Quitte à préconiser sa réduction par un raccourcissement des circuits.
La géographie du commerce a d’autant plus été conduite à faire son chemin de Damas que les commerces, à commencer par les grands distributeurs, se sont largement emparé du vocable. Dès 1996 et avant même une interdiction des sacs en plastique à usage unique qui n’interviendra qu’en 2016, le Groupe Leclerc proscrit la disparition des sacs de caisse. En 2004, le même groupe appuie le développement des biocarburants. Quant au groupe Carrefour il affiche en 2008 dans une publicité ses nouveaux petits formats commerciaux comme support d’une France de la proximité qu’il a largement contribué à détruire par la multiplication de ses hypermarchés. Près de 14 000 points de vente de proximité à dominante alimentaire sont aujourd’hui déployés par les entreprises de grande distribution, contre 10 000 dix ans auparavant (Fédération du commerce et de la distribution 2019). Dans le domaine de l’alimentaire beaucoup d’entreprises mettent en avant la proximité des approvisionnements, oubliant au passage que cela concerne surtout le frais tout en laissant de côté les produits non alimentaires peu mobilisés dans cet affichage d’une proximité vertueuse ! Lorsque des projets de nouveaux centres commerciaux émergent, des mécanismes compensatoires à l’artificialisation des sols sont publicisés. Le flot d’un argumentaire « durabiliste », loin de se tarir, est un leitmotiv de la communication des entreprises.
Si la grande distribution s’est saisi rapidement de l’idée c’est qu’elle prend conscience qu’elle est sur plusieurs fronts de « contestabilité » (Godard 2002). La place accordée à la RSE dans les argumentaires, la mise en avant des productions locales dans le champ de l’alimentaire, l’idée de « responsabilité », la dimension « éthique » des produits vendus, notamment ceux sous marque propre, relève d’une « gestion anticipée » de menaces potentielles portées à l’activité. C’est le reflet d’une vision assez paradoxale de la grande distribution en France : qu’il s’agisse de la sphère politique ou des particuliers, on aime la distribution qui vient créer des emplois sur le territoire, on aime y faire ses courses, mais elle figure aussi au rang des accusés en tant que tueuse du petit commerce, de l’urbanité traditionnelle et complice d’une mondialisation parée de tous les maux !
Mais que faire d’un tel foisonnement d’initiatives du point de vue d’une géographie du commerce ? On peut d’abord rapprocher cette profusion non hiérarchisée d’engagements et d’actions d’une technique de base assez classique de tout vendeur : l’abondance de marchandises, leur entassement parfois, sont destinés à attirer le chaland tout en l’embobinant. Le premier travail des géographes est de déconstruire tout cela au regard de leurs compétences en réintégrant une dose de complexité singulièrement absente d’actions présentées comme autant de bonnes pratiques. Ces dernières présentent souvent un défaut par rapport à une démarche de durabilité, une insularité contradictoire au caractère nécessairement ouvert de toute approche se revendiquant comme durable.
Ces actions peuvent être classées selon quatre entrées : les produits vendus, la responsabilité sociale des entreprises (RSE), la conception et la requalification des établissements commerciaux (de la boutique au centre commercial) et un retour de la proximité avec les consommateurs. Ces quatre entrées sont indissociables : travailler sur un commerce durable du point de vue du géographe, quelle que soit l’entrée privilégiée, c’est considérer celle-ci comme un morceau d’un tout complexe. Prendre comme point de départ de l’étude du rapport commerce et développement durable, la question urbaine amène à réfléchir à ce rapport d’abord à l’échelle de l’organisme urbain et en considérant l’activité comme une fonction parmi d’autres : elle est caractérisée par une emprise foncière, participe à la construction du paysage urbain et elle génère des flux logistiques, de consommateurs et de salariés. Mais peut-on laisser de côté les autres échelles du questionnement telle celle de l’établissement commercial ? Cela conduit alors à s’intéresser à la stratégie de l’entreprise à commencer par ce qui est vendu au sein de cet établissement : quelle est l’origine des produits ? Quelles sont les conditions de leur production ? L’échelle du rayon des établissements peut conduire alors à remonter la chaîne des valeurs jusqu’à l’échelle mondiale, renouant finalement avec l’échelle primitive de réflexion autour de la durabilité, la planète.
Un rapide tour d’horizon des travaux menés au cours de ces quinze dernières années en géographie du commerce montre que deux entrées ont été privilégiées par les géographes, celle de l’urbanisme commercial et celle des produits vendus. Il faut entendre ici l’urbanisme commercial dans un sens large allant à la fois de l’étude de la dimension réglementaire de l’encadrement du développement du commerce à la dimension architecturale du renouvellement des investissements commerciaux. Dans tous les cas, les travaux s’inscrivent dans une certaine tradition. Prenons le cas de l’urbanisme réglementaire. L’étude du dispositif très spécifique d’encadrement de la modernité commerciale qui se met en place à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix est ancienne. Dès le début un géographe comme Coquery (1977) en critique les dispositions essentielles et l’incapacité intrinsèque d’un tel dispositif à encadrer l’urbanisme commercial. L’appellation est d’ailleurs fausse tant il s’est surtout agi d’une police économique plus que d’un dispositif d’urbanisme. Au gré des évolutions législatives et des injonctions européennes, la question de la durabilité s’invite néanmoins de plus en plus dans cet urbanisme règlementaire. Et là où un diagnostic économique et social l’emportait, ce sont les dimensions « environnementales » de la loi qui sont examinées à l’aune de leurs conséquences réelles ou supposées sur la durabilité d’un urbain qui s’invite de fait comme le cadre de discussion (Dugot 2005, Desse). De nombreux travaux d’ordre plus monographique concernent le renouvellement des modalités et formes des investissements commerciaux. L’entrée est plus ou moins explicitement ancrée dans la problématique de la durabilité, mais elle apparaît comme une toile de fond incontournable. En parallèle, une assez large branche de la géographie du commerce s’intéresse à la question du raccourcissement des circuits commerciaux. Des géographes, plutôt d’obédience ruraliste, travaillent sur l’essor des circuits courts et les AMAP (Boivin 2010 ; Pouzenc 2007). En filigrane de ces approches, c’est une géographie de la consommation quelque peu renouvelée dans ses questionnements qui s’invite (Sabatier 2006 ; Lemarchand 2009). Au côté de la recherche des déterminants à l’achat, c’est la montée d’une hyperconsommation (Lipovetsky 2006) laissant de plus en plus de place à l’éthique ou au bio qui est mise en lumière. Au-delà de sa réalité en tant que marché étudiée par les économistes (Moati 2011) et moteur distinctif parmi d’autres entre des consommations socialement marquées (Lipovetsky 2006) c’est sa diffusion spatiale inégale qui peut interroger au travers du constat d’une gentrification commerciale.
La question de la ville durable et de la place qu’y occupe ou que pourrait y occuper le commerce, est celle qui est ici privilégiée. En accord avec ce qui précède, cela ne relègue pas les questionnements parallèles dans une autre dimension, mais offre un cadre réflexif privilégiant l’entrée territorialisée de l’urbain dans sa dimension fonctionnelle et sociale. Il peut d’ailleurs y avoir des résonnances démontrant tout l’intérêt d’une approche centrée sur les considérations strictement urbaines du rapprochement entre durabilité et commerce, la ville offrant le cadre d’une déconstruction critique de certaines pratiques de consommation présentées comme durables. Ainsi, les circuits courts et l’approvisionnement local ont le vent en poupe. Les AMAP ou différents types de configurations rapprochant producteurs et consommateurs dans le domaine des productions alimentaires se développent. Du point de vue de ce qui est consommé, cela va dans le sens d’une consommation plus durable avec diminution des aires de marché et saisonnalité des produits vendus. Mis à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’en termes de flux, logistiques comme de clientèles, l’organisation est défaillante contribuant à une démultiplication des déplacements pour des quantités de marchandises peu importantes (CEREMA). Voilà qui pose des questions d’organisation renvoyant à la nécessité d’une mutualisation qui, outre la question des relations entre les différents acteurs, s’inscrit dans un espace urbain ou suburbain à repenser. Ces nouveaux circuits zèbrent aussi la ville de nouvelles lignes de clivage selon le type de consommation alimentaire qui se surimposent à d’autres (Berroir et al. 2015 ; Delage, Fleury 2017 ; Ferrant 2015). Dans un curieux retournement de perspective, cela participe à une hyperconsommation sélective qui réécrit les processus ségrégatifs mais selon un registre différent de la coexistence décrite par Milton Santos (1971) dans les villes du Sud entre circuit commercial moderne et non moderne, le premier étant l’apanage des populations plus aisées, signant de fait leur intégration dans une modernité sélective. Dans un pays où la modernité est largement diffusée et remise en cause dans le discours elle ne peut jouer ce rôle qui est réécrit par une consommation plus distinctive et en l’occurrence plus ancrée dans un local qui, loin d’être synonyme de retard, renoue avec la figure de l’anticipation.
3. Une entrée par l’urbain étayée par la crise d’une modernité commerciale singulière
Le terreau de l’urbanisme commercial français, entendu là comme la façon dont le commerce s’inscrit dans la ville, voire en façonne le modèle, est particulièrement fertile tant la modernisation commerciale y a été d’une singulière violence. Singulière car si la modernité s’inscrit dans l’émergence plus ou moins décalée dans le temps de la société de consommation à partir des années cinquante et soixante à l’échelle de l’Europe de l’Ouest, elle y emprunte des voies particulières produisant une inscription territoriale spécifique de la modernité. Une rapide comparaison avec l’Allemagne est édifiante. Alors que dans ce pays la répartition spatiale du commerce dans les villes est assez régulière du centre vers la périphérie, ce n’est pas le cas en France. La modernisation commerciale s’est largement épanouie en périphérie sous la forme de centres commerciaux qui se sont progressivement structurés autour des hypermarchés. Les centres-villes et les polarités commerciales secondaires en ont souffert, ces nouvelles polarités commerciales périphériques ayant pu concentrer jusqu’à 70 % des ventes du commerce de détail. Sur les raisons de ces différences, elles sont liées à des histoires entrepreneuriales particulières mais aussi à une gestion du foncier moins restrictive en France. Cette singularité est violente car le rythme de la transformation a été très rapide, aboutissant à une rupture accentuée par le retard relatif caractérisant l’appareil commercial français au sortir du second conflit mondial. Prenons le « vaisseau amiral » de la modernisation du commerce en France, l’hypermarché (défini par une surface de vente supérieure à 2 500 m²). Le premier hypermarché ouvre en 1963 sous l’enseigne Carrefour. Au début des années 1970, on compte déjà près de 300 hypermarchés auxquels il faut ajouter près de 3 000 supermarchés . Le fait est d’autant plus notable que le commerce de détail français offrait plutôt le tableau d’un monde économique vieillot. En 1953, le pays compte 942 000 commerces de détail soit un magasin pour 62 habitants contre 102 en Allemagne ou 89 au Royaume-Uni. En 1963, les magasins en libre-service, indice de modernité, ne sont que 63 par million d’habitants contre 558 pour l’Allemagne ! Prix élevés, prévalence de pratiques commerciales d’un autre âge, absence d’investissements dans les boutiques dessinent une proximité commerciale subie avec des prix élevés. Si on évoque parfois une « retailapocalypse » face à la montée du e-commerce ou comme conséquence d’un très hypothétique « kopskam », une première vague a déjà eu lieu dans les années 60 et 70 aboutissant à ce que la moitié des communes françaises soient aujourd’hui dénuées de tout commerce, comme de très nombreux quartiers urbains. Cette modernité est promue à l’origine par la population : en 1970, 70 % des Français sont pour l’augmentation des grandes surfaces (Daumas 2006). Mieux, ils adhèrent (Péron 2004) aux expressions de cette modernité. Car la violence de cette modernisation est également visuelle avec des entrées de ville qui sont devenus les tunnels criards d’une société axée sur la satisfaction des besoins de consommation. Cet urbanisme « en boîte de chaussures » se développe à tous les niveaux de l’armature urbaine, jusque dans des petites villes, laissant les centres traditionnels en déshérence. C’est la victoire de l’automobile.
Ce tsunami de la modernisation commerciale est d’autant plus remarquable qu’il s’effectue de façon concomitante avec une patrimonialisation de portions urbaines entières. Les centres-villes deviennent ainsi des écrins où il devient de plus en plus difficile de réaliser quoi que ce soit. En fait, comme à la campagne où la mise sous cloche de la nature a autorisé bien des excès d’une agriculture productiviste, le classement de quelques quartiers et monuments remarquables semble avoir largement ouvert les vannes pour une marée modernisatrice des entrées de ville. Tout cela a été accéléré par une situation d’éclatement communal et de concurrence fiscale.
Ce tableau n’est qu’un des panneaux du polyptyque urbain construit par la modernisation commerciale. Passons sur l’ouverture à une mondialisation marchande débridée dont les grandes surfaces sont une entrée de choix dans une société où le potentiel de consommation occupe 55 % du PIB. Restons-en uniquement aux aspects territoriaux. Le maillage de grandes surfaces commerciales tissé par la grande distribution est l’élément le plus visible des transformations du commerce par son empreinte fonctionnelle et paysagère. Mais son développement a porté une ombre sur tout le reste. La réécriture des implantations commerciales est globale et lisible à toutes les échelles, des quartiers urbains à l’armature urbaine régionale ou nationale. Cette modernisation qui signe la victoire d’une mobilité automobile a asséché de très nombreuses polarités commerciales, cassant le lien de proximité entre le commerce et la vie quotidienne. La modernisation commerciale, toute plébiscitée qu’elle soit par les chalands, débouche sur une relation abimée entre le commerce et la ville. Le besoin de consommation de la société reste satisfait dans le cadre du modèle classique de la modernité appuyée sur la grande distribution et de produits largement importés, car cela répond aux besoins de consommation d’une portion majoritaire de la société française. Pour autant le regard porté sur cette modernisation a évolué. Dans le cadre de l’irruption multiforme du développement durable, la déstabilisation d’une relation séculaire entre le commerce et l’urbain devient mal vécue. Les externalités négatives sont de plus en plus visibles et entre injonctions législatives et nouvelles aspirations d’une partie des consommateurs, il se dessine des fenêtres d’opportunités pour le retissage du lien entre commerce et ville dans la perspective d’une ville durable. Mais du verbe à l’action tout cela est-il durable ?
4. Vers un urbanisme commercial durable ? L’intégration croissante du développement durable dans l’équation du commerce urbain
La ville durable est une illusion. Plus que jamais il faut assumer que la ville est un « écosystème hétérotrophe » (Da Cunha 2015). Sa vocation commerciale en est d’ailleurs l’expression traditionnelle ! En outre, nous sommes assez d’accord avec le propos selon lequel « la « ville durable » […] n’existe pas, ni théoriquement […] ni dans son application » amenant à privilégier l’idée « de villes en transition vers cette « ville durable » souhaitée » (Levy, Emilianoff 2011). En fait, réfléchir à une ville durable, du point de vue commercial comme selon d’autres entrées, amène à s’intéresser à un processus avec des outils, des acteurs, des visions disparates et pour certains à discuter. Si ville durable il y a dans l’absolu, c’est une téléologie lointaine et incertaine dans sa temporalité et ses formes. Cela n’en invalide pas l’intérêt mais en délimite le champ d’action, rendant accessible à l’effort des objectifs d’amélioration de la vie urbaine s’inscrivant, par exemple, dans les objectifs globaux de « décarbonation » de nos sociétés urbaines. Au sein du strict périmètre urbain, le postulat est que la façon dont s’y écoulent les biens de consommation dans une société fortement consommatrice n’est pas neutre : densité du maillage urbain par les équipements commerciaux, accessibilité et donc modalités de déplacement des chalands sont loin d’être dénuées d’incidences sur le fonctionnement urbain, posant des questions en termes de mobilités mais aussi favorisant, ou à tout le moins illustrant, des processus ségrégatifs.
C’est d’autant plus vrai que le tableau du commerce urbain français offre par ses défauts un terrain particulièrement fertile à des progrès. Comme la rapide comparaison avec le cas allemand l’a suggéré, si l’étape de la modernisation était inévitable, voire nécessaire à un certain épanouissement sociétal, le modèle urbain produit n’en est en aucune manière le produit inéluctable. De fait, une marge d’action se dessine où l’on retrouve une évolution de l’offre en termes d’immobilier commercial dans un cadre législatif plus contraignant.
Commençons par les entreprises. Le temps n’est plus où un établissement commercial pouvait arborer fièrement une enseigne comme « Au gaspillage », enseigne que l’on retrouve dans plusieurs villes de France dans les années 1880- 1930. Cela ne signifie pas que l’on gaspille moins aujourd’hui que hier. Simplement, ce qui était acceptable à l’époque d’une société où la consommation était contingentée par un niveau de vie moyen relativement bas, n’est plus acceptable dans une société de consommation mature. Outre les efforts évoqués plus haut dans leur cœur de métier, l’adaptation de l’offre commerciale passe aussi par un questionnement de son insertion dans l’urbain. D’une phase que l’on pourrait qualifier de « sauvage » dans le sens où ni le cadre d’exercice de la fonction ne semble compter pas plus que les dégâts collatéraux, on semble passer à une phase où l’insertion dans les territoires et les paysages importe plus. C’est un retour revendiqué à la proximité. Ce sont des efforts dans l’esthétisme des centres commerciaux. On peut ici signaler les efforts de requalification réalisés dans certaines entrées de ville ou le travail architectural soigné de certaines réalisations (Broomberg 2004). Le développement durable devient un référent indispensable de tout projet commercial. Le marché français est mature pour ne pas dire saturé. Qu’il s’agisse d’utiliser tel matériau plutôt que tel autre, afficher un éclairage naturel, traiter les eaux usées ou de pluie, végétaliser couloirs et parkings, améliorer le bilan énergétique ou encore recycler les emballages, toute les réalisations un tant soit peu ambitieuses cherchent à être certifiées (HQE, BREEAM, BREEAM in use). De fait, les entreprises ne manquent pas d’annoncer la certification de leur dernier bébé dans la presse. Parmi les diverses enseignes, on peut prendre l’exemple de l’entreprise Lidl qui connait parmi les plus forts développements sur le marché français. Après une stratégie de discount et des implantations ciblant à l’origine plutôt les marchés populaires, l’enseigne se positionne comme un commerçant plus généraliste. Cela se traduit par un renouvellement important des établissements commerciaux s’accompagnant d’une démarche affichée comme durable. Elle est menée avec l’appui d’une entreprise spécialisée dans l’efficacité énergétique, Enerlis : photovoltaïque sur les toitures, éclairage LED connecté, optimisation de la consommation d’énergie par le choix des systèmes de climatisation et de réfrigération, recours aux énergies renouvelables, réutilisation des eaux de pluies, etc.
On peut rapidement trouver des limites à ces certifications, ne serait-ce que dans l’échelle géographique d’application. Mais on ne peut nier qu’elles traduisent un progrès réduisant l’empreinte écologique des établissements commerciaux et, peut-être est-ce le plus important, elles participent à l’ancrage d’une nécessité à améliorer les choses. Ces efforts s’accompagnent d’un embellissement de l’appareil commercial (Gasnier ; Lemarchand ; Dugot 2019). Les réalisations d’une entreprise comme la Cie de Phalsbourg méritent d’être signalés avec des gestes architecturaux tranchant avec l’architecture minimaliste de la période fordiste (Atoll en périphérie d’Angers par exemple). L’entreprise affiche un « immobilier de conviction [afin] de construire la France de demain ». Elle revendique une esthétique, n’hésitant pas à mobiliser Kant : « Le beau est un des symboles du bien. » Peut-être est-ce en périphérie commerciale les premiers échos des regret d’un célèbre ministre de la Culture, Jack Lang, proclamant un « besoin de beauté » et admettant l’erreur ayant trop souvent consisté à « faire du beau le seul pré carré des artistes et des musées » et on pourrait ajouter des vieilles pierres des centres-villes, reléguant le milieu de vie périphérique d’une majorité de Français au rang de « free fire zones » aménagistes ! Arnaud Gasnier travaillant sur les recompositions commerciales dans les paysages urbains, se demandait si la laideur était durable (2010). De plus en plus semblent penser que non et si les choix esthétiques peuvent toujours se discuter, la tendance à un effort est notable. C’est bien si on considère avec Kant que le beau n’est pas sans rapport avec le bien que nous traduisons ici par le droit à une ville apaisante.
Mais n’est-il pas illusoire de penser que des cathédrales d’une consommation durable émergent de tout cela ? Sans même parler de leur capacité à projeter une lumière sur le reste de la ville ? Passons sur la finalité même de l’objet pour nous interroger sur son insularité dans la ville. Pour être repeints en vert ces centres commerciaux demeurent des îles avec les mêmes questions : une logique monofonctionnelle surtout accessible par de l’automobile. Ces réalisations ne posent pas la question de l’insertion du commerce dans la ville dans le cadre d’une réflexion globale sur le fonctionnement urbain notamment en ne prenant pas en compte les mobilités des marchandises et des clients. Tant d’un point de vue social qu’environnemental, l’enjeu urbain est celui de l’accessibilité et de se demander comment « retisser » la ville à partir des centres commerciaux (Broomberg 2004, 2011). Mais est-ce l’objet de ce qui reste des investissements privés alors qu’il s’agit tout autant, pour les entreprises de distribution, comme pour les promoteurs et entreprises foncières, de valoriser des actifs fonciers que de développer une activité commerciale ? Qu’est-ce qui relève d’une stratégie de marketing ? De « greenwashing » ? De fait comment composer en termes d’urbanisme avec des acteurs d’abord préoccupés par leurs profits ?
Qu’il s’agisse de l’échelle ou de la finalité des actions, cela invite à regarder du côté de l’action des pouvoirs publics. De nombreux travaux ont rendu compte de ce que l’on appelle classiquement « l’urbanisme commercial à la française » (Desse). L’expression sert à décrire un ensemble de lois qui depuis les années 1970 n’ont eu de cesse de chercher à encadrer le développement de la grande distribution. Rappelons que cette construction législative a consisté à mettre en place un système d’autorisation commerciale, distinct de l’autorisation d’urbanisme classique. Le système a changé plusieurs fois, essayant de s’adapter à des stratégies de contournements multiples. Les objectifs initiaux de maintien de formes de distribution variées avec le souci de ménager une classe nombreuse de petits commerçants ont été balayés par l’affirmation des grandes entreprises commerciales, success story du capitalisme français (Péron). Dans un contexte de concurrence fiscale entre les communes, cet arsenal législatif n’a pas permis d’encadrer une modernisation triomphante avec les résultats esquissés ci-dessus. Au fil des réformes, dont il ne peut être question ici de rappeler la diversité (Desse ; Dugot 2019), les choses se sont améliorées du point de vue de l’intégration du commerce dans l’urbanisme et la planification urbaine. Qu’il s’agisse de renforcer l’obligation d’alternatives à l’automobile pour les centres commerciaux périphériques, de développer des politiques fiscales ou d’équipement urbain favorables à la reconstitution de polarités commerciales maillant plus finement l’espace (opération Cœur de villes) ou qu’il s’agisse de repenser des périphéries commerciales en crise, les documents d’urbanisme et de planification urbaine ont, au gré des développements législatifs, progressé, incorporant comme un leitmotiv le développement durable. L’ambition n’est pas toujours au rendez-vous. Néanmoins des outils et des objectifs nés de diagnostics difficilement évitables d’une non durabilité de morphologies urbaines étalées, laissant trop de place à l’automobile et auxquelles la modernisation commerciale a participé, existent. Dans le cadre d’un certain pragmatisme alliant partenaires privés et pouvoirs publics locaux, des processus de réaménagement des zones périphériques visent à en corriger les travers architecturaux et urbanistiques les plus évidents (Jehl 2018). On peut aussi rappeler le programme mis en place par le ministère de la Cohésion des Territoires et des relations avec les collectivités territoriales en novembre 2017 ayant pour objectif de « Repenser la périphérie commerciale ». A partir de six terrains urbains (deux en périphérie de la grande région parisienne, deux dans des villes moyennes (Limoges, Thiers), un dans une métropole régionale (Marseille – Aix) et un dans une ville moyenne d’Outre-Mer (Saint-Pierre à la Réunion), l’objet est de requalifier des polarités commerciales périphériques monofonctionnelles en difficulté pour certaines, afin qu’elles évoluent vers des quartiers plus mixtes affichant une amélioration de leurs qualités urbaines.
Il est difficile de se prononcer sur un certain nombre de recompositions sectorielles : le commerce électronique qui représente aujourd’hui plus de 100 milliards de chiffre d’affaire (dont 56 % de vente de services) soit près de 10 % des ventes au détail, avec une progression de 13 % par an sur les quatre dernières années , va-t-il continuer son ascension ? Doit-on adhérer aux discours rapides autour d’une fin du « vaisseau amiral » de la modernisation commerciale française, l’hypermarché ? Les milliers de boutiques spécialisées vont-elles disparaître, emportant avec elles une bonne part du vivre urbain dans de nombreux quartiers et centres de petites villes et villes moyennes ? La crise sanitaire du COVID a moins créé les problèmes qu’elle n’en a révélé une réalité déjà installée. Nous sommes à un tournant. Mais les constats objectifs de crise voisinent avec des opportunités de correction des travers hérités. La destruction peut être créatrice. Cela commence par une mise en perspective systématique de la question commerciale dans la question plus large de l’urbain et des modes de vie : logement, travail, loisirs, mobilités.
Evolutions des modèles commerciaux, investissements, expérimentations à la croisée de l’action publique et d’investissements commerciaux, discours et réflexions se multiplient. Tout cela va-t-il réellement dans le sens d’un urbanisme commercial durable ? Un consensus se dégage autour de la nécessité de produire un autre modèle d’urbanisme commercial avec plus de mixité fonctionnelle, plus de proximité, moins de mobilité automobile, pour en rester à la dimension strictement urbaine. En parallèle, il ne faut pas oublier aussi que la proximité est aussi celle des produits, renvoyant à une aspiration à une consommation plus responsable et éthique. Mais d’un autre côté, et ainsi que nous l’avons suggéré ci-dessus, ces tendances possèdent aussi des travers ségrégatifs potentiels susceptibles de s’inscrire dans le tissu urbain. Et donc des impacts allant à l’encontre de ce qu’est une ville durable, c’est-à-dire un organisme plus équilibré socialement. Tout cela montre d’ailleurs une nécessité : pour faire de l’urbanisme commercial, il faut quitter l’approche sectorielle qui a dominé. Mais avec qui ? Les modalités, la rythmicité (corrections incrémentales ou processus plus disruptifs) et en définitive l’ambition des transformations à mener, interrogent y compris au sein de la communauté des géographes.
5. Quelle gouvernance urbaine ? Ou, la dimension idéologique d’un sujet.
Ces errements dans la construction d’une ville commerciale durable renvoient à une ultime question : Qui possède la légitimité d’en orienter la configuration à la fois morphologique et sociale ? Cette question est essentielle mais elle n’est pas neutre idéologiquement d’autant plus dans un pays comme la France qui, bien qu’anciennement capitaliste et foncièrement très libéral, notamment en termes d’urbanisme, a développé une défiance par rapport à la sphère privée. Il faut composer avec un patrimoine idéologique, un héritage culturel où les géographes s’inscrivent aussi. Il faut aussi composer avec une solide tradition centralisatrice et régulatrice à un moment où d’autres acteurs sont sur l’échiquier : les pouvoirs locaux et régionaux et aussi, invités plus récents, des citoyens portant un regard plus réactif sur la construction de l’urbain.
Entreprises, pouvoirs publics aux différentes échelles d’action, citoyens, possèdent tous un droit à l’urbanisme. Tous ont des compétences et au moins un vécu à faire valoir. Les entreprises ont la légitimité de leur activité économique assortie du savoir de ce qui est pertinent pour que celle-ci puisse s’exercer. Les pouvoirs publics sont censés porter le bien commun à leurs différentes échelles d’exercice. Quant aux citoyens, ils ont leur légitimité d’habitants aspirant à un cadre de vie au moins correct commençant, par exemple, par la qualité de l’air qu’ils respirent. Mais tous ont aussi leurs limites. Les entreprises demeurent des agents économiques. La financiarisation des actifs commerciaux avec l’irruption de fonds internationaux (Mérenne-Schoumaker, Nappi-Choulet 2014) n’a pas manqué de créer une tension importante sur le marché de l’immobilier commercial. Un regard sur les dernières années montre une certaine irresponsabilité des investisseurs avec, entre 2000 et 2015, une croissance des surfaces de vente représentant un peu plus du double de la hausse de la consommation. Pascal Madry évoque dès 2011 une « bulle » qui promet des friches à venir. Dans le cadre d’un libéralisme foncier ayant contribué à une consommation d’espaces ruraux importante, les pouvoirs publics, eux-mêmes pris dans une logique concurrentielle se sont laissé imposer cette logique. Et lorsqu’un coup d’arrêt a été donné, il faut noter l’action de collectifs citoyens.
Au cours de ces dernières années les citoyens se sont largement invités (Subra 2016). Si cette mobilisation concerne les grands projets d’infrastructures de transport, la gestion de l’eau ou des projets touristiques, les équipements commerciaux n’y ont pas échappé. Deux exemples de guérilla juridique ont signé l’abandon de projets commerciaux très importants. Il s’agit d’EuropaCity en région parisienne et de Val Tolosa en périphérie toulousaine. Apparemment l’argumentaire autour de la durabilité de ces projets ne semble pas avoir payé, les détracteurs opposant une consommation nouvelle de foncier, le maintien d’une logique consommatoire, la préservation de la biodiversité bien que ce dernier élément soit plus un argument permettant l’action juridique qu’une réelle problématique environnementale. En réaction il est intéressant de noter que dans le cas d’EuropaCity les promoteurs commerciaux opposent la dimension sociale en sus de la présentation de leur projet sous les meilleurs auspices de la certification environnementale. Ce projet commercial est situé dans l’un des départements qui cumule la population pauvre, souvent immigrée ou d’ascendance immigrée, la plus importante du pays. Ce que les promoteurs ne manquent pas de rappeler en s’offrant une publicité en pleine page dans le quotidien Le Monde (29 octobre 2019). Ils y rappellent un investissement de trois milliards d’euros et la création de 10 000 emplois dans « un territoire aujourd’hui délaissé ». Et de citer les résultats d’un sondage mené dans une vingtaine de communes concernées par le projet dont il ressort que 81 % des habitants y sont favorables. Le projet est alors présenté comme « une réponse forte à la promesse d’égalité républicaine que d’accompagner tous les territoires dans un développement économique et solidaire, en soutenant une ambition environnementale partagée ». Sans nous prononcer ici sur le fond de l’affaire, l’interrogation est ouverte sur la légitimité des uns à ouvrir un combat qui n’est manifestement pas partagé par les autres. Quelle place dès lors laisser à une démocratie plus proactive dans la construction de l’urbanisme commercial ? Passons sur les incohérences d’un citoyen-consommateur qui a souvent du mal à mettre au diapason son propos citoyen et sa réalité de consommateur pour nous intéresser à la légitimité même de l’action citoyenne. Ce que montre ce cas, c’est que le discours citoyen peut aussi être confisqué par certains ou par un certain type d’argumentaire. Sans même évoquer les motifs de type « nimby » , les collectifs de citoyens ne sont pas neutres dans leurs cibles et les moyens d’action (Nez 2015). Autrement dit, les intérêts de collectifs ne sont pas ceux de toute la collectivité !
Cela réinvite en définitive l’importance d’une logique arbitrale dans l’urbanisme commercial. Mais comment arbitrer ? Pascal Madry (2018) évoque au sein même de l’Etat deux écoles de pensée en matière d’urbanisme commercial. Une première école place la liberté d’établissement du commerce au-dessus de tout, tablant sur le fait que le laisser-faire économique aboutira à la compétitivité du secteur, ce qui conduira mécaniquement à une adaptation de la ville. Une deuxième école, qualifiée « d’aménagiste » par opposition à l’école « libérale », part moins de l’entreprise qu’elle ne part de l’insertion de l’entreprise commerciale dans le territoire. Là où la première néglige les externalités négatives d’investissements commerciaux laissés libres de leur localisation, la deuxième oublie les contraintes d’une activité économique au risque de sa pérennité et finalement de son rôle d’animation du territoire. Comme souvent la vérité d’une construction durable du rapport entre le commerce et la ville doit se situer entre cette double préoccupation. Le devoir du géographe doit être de déconstruire les « solutions » et les outils mis en avant par les entreprises car ne répondant pas à la complexité systémique de toute quête de durabilité dans l’urbain. Il doit tout autant jauger avec circonspection les mobilisations citoyennes ou l’action des pouvoirs publics. Au regard de l’importance des activités commerciales dans la fabrique de l’urbain et dans le fonctionnement de la société urbaine, l’implication des entreprises doit être particulièrement scrutée. Si la construction d’un commerce urbain durable doit s’appuyer sur de l’innovation, c’est tout autant dans la capacité à faire collaborer des acteurs aux aspirations différentes voire contradictoires, que dans des formes commerciales renouvelées ou une évolution des assortiments de produits. N’est-ce pas vers une forme de contrat urbain renouvelé qu’il faut tendre ? Et finalement, aussi, renouer avec une tradition nationale dévoyée, celle d’une planification pas seulement limitée à la régulation des effets pervers du marché mais cadre d’une réelle politique d’urbanisme.
La géographie du commerce n’a que peu mobilisé les réflexions issues d’une géographie critique anglo-saxonne, notamment inspirées du côté de l’urbain par les réflexions de David Harvey. Pourtant, les faits constatés, tout parés qu’ils soient d’une volonté de verdissement, doivent aussi être mis en perspective dans le cadre de ces travaux, notamment dans ce qu’ils montrent du rôle de l’urbain, dont l’immobilier commercial, dans le règlement de la question du surplus du capital et sa rotation (Harvey 2011). Il ne s’agit pas pour autant d’appeler à « une véritable géographie de combat » (Duterme 2020). Il s’agit néanmoins de progresser dans la compréhension d’un jeu d’acteurs complexe aux légitimités entremêlées et aux aspirations si ce n’est contradictoires, du moins différentes ou prisonnières de temporalités variées. Prendre de la distance n’est pas mettre de côté ou adopter une démarche de défiance systématique par rapport à l’action des entreprises du commerce. Mais en écrivant cela, on sort du seul champ scientifique pour une touche d’idéologie difficile à éviter. Est-ce souhaitable d’ailleurs ? Pour autant, la démarche scientifique qui est intrinsèque à la géographie du commerce, doit amener à négocier ce qui relève du débat nécessaire, et donc d’arbitrages à préconiser, de ce qui relève de la posture. Les travaux d’une géographie critique doivent avoir leur place dans l’analyse du commerce urbain car il est peu contestable qu’on y observe sans difficulté la traduction d’une spatialisation du capitalisme au travers des modes de production déployés, modes qui ne sont neutres ni du point de vue symbolique ni vis-à-vis des rapports sociaux qu’ils retranscrivent et peuvent pérenniser (Harvey 1989).
6. Conclusion
Le rapprochement entre commerce, développement durable et urbanisme, s’inscrit dans une interrogation plus large de nos modes de vie dont l’urbain est le réceptacle privilégié. La difficulté est de naviguer face à des courants puissants où l’affichage marketing appuyé sur des réalisations ciblés dans leurs thématiques (circuits courts) ou leur inscription spatiale (centres commerciaux vertueux) tient souvent lieu de politique. C’est insuffisant voire contreproductif en laissant croire à un processus là où il n’y a finalement que quelques réalisations insulaires, parfois socialement discriminantes et en définitive ne faisant qu’effleurer le problème. Tout un discours de déconstruction est à opérer ce qui est déjà fait plus ou moins par une géographie du commerce (Dugot, Dugot-Pouzenc, Desse, Gasnier). Pour autant, il faut aussi se garder d’entrer dans une défiance permanente à l’égard de toute réalisation ou action de gouvernance alliant la sphère privée. Le commerce est une activité privée. Ne pas le reconnaître est moins progresser vers une ville durable que s’enfoncer dans une vaine scolastique. Mais c’est là l’avis de l’auteur de ces lignes.
A tous ces égards, le chantier de la ville durable et du rôle qu’y jouent les activités commerciales est encore largement ouvert. C’est d’autant plus vrai qu’il ne faut pas minimiser d’assez nombreuses inconnues dans l’équation d’un urbanisme commercial vertueux. Quelle morphologie urbaine est adéquate ? On évoque souvent la proximité : recomposer une multifonctionnalité urbaine faite de courtes distances, permettant une mobilité selon des modes doux… Mais qu’en est-il sous l’angle de la logistique ? N’y a-t-il pas d’autres effets pervers ? Comment composer avec un héritage urbain hétérogène fait de tissus d’une plus ou moins grande densité et où les réponses ne peuvent être uniques ? Quid de l’essor du e-commerce : comment intégrer dans l’équation cette myriade de livraisons ? Quel est l’organisation logistique la plus vertueuse ? Tout cela est un champ encore largement ouvert : il faut expérimenter, comprendre, diagnostiquer au regard de l’ensemble des externalités la localisation des établissements commerciaux par rapport aux chalands mais en intégrant aussi l’ensemble de la chaîne logistique. Plus que jamais réfléchir à une ville durable par une entrée commerciale nécessite de ne pas s’y enfermer ! Pas plus que la géographie du commerce ne peut faire l’économie d’apports interdisciplinaires et de débats d’une tonalité plus idéologique.
Translation - English RETAIL GEOGRAPHY AND THE BUILDING OF A SUSTAINABLE CITY
Key words: Retail trade, sustainability, retail geography, sustainable city, urban retail planning, governance
Nowadays, the topic of sustainable development is inseparable from studies of retail geography. In this field, as in others, this does not mean that this change in approach to a sector of the economy has not given rise to debate. It remains a hot topic because of the weakness of what some describe as “soft doctrine” (Lévy Lussault 2003). This means that from the mid-2000s, the study of retail trade, be it rural or urban, be it focussed on supply patterns or on demand, can no longer avoid a broadening of the field of thought. The issue of sustainability has led retail geography to be more systematic in the way it embeds questions of supply streams, mobility, and the positioning of retail establishments into broader urban planning issues and consumer practice in the way a territory operates overall.
This trend is moving in the right direction from an epistemological point of view by highlighting the benefits of approaching various territorial issues through the prism of retail trade development. But also, and ‘de facto’, looking at the positioning of these studies in terms of operational effectiveness. Here, we will focus on the field of urban planning through a diagnosis of retail modernity which has shattered business localisation within and between cities, questioning the players in this process and their legitimacy of action. But first, we need to return to the half-hearted welcome afforded to sustainable development.
1. A retail geography reticent in the face of sustainable development
Geographers have an ambivalent relationship with the idea of sustainable development. On the one hand, the initial intellectual impetus is seductive because it places societal analysis at the crossroads of economic, social and environmental issues. And geographers are now sufficiently well-equipped to tackle and manage the complexity of this encounter. The territorial approach allows diagnoses and treatment options even in varying contexts. This leads some geographers to see in the parallel reconnection with urban ecology an opportunity for their discipline to be an epistemological pivot point (Berdoulay, Soubeyran 2002). In fact, isn’t the city “recovering a psychological, social, biophysical, material and technical solidity”? When Berdoulay and Soubeyran invite us to view the crisis of modernity as an encouragement “to consider the geographical environment not as a constraint to be transcended, but as an organising principle in development and, consequently, in urban planning”, the idea finds a very seductive echo in the area of a retail geography, leading to a rapprochement between the productive urban economic activity of retail trade and the compulsory imposition of sustainable development.
But some have expressed reticence about the lack of any theoretical bedrock for the notion of sustainable development, starting with the linking of development - therefore growth - and sustainability. Certain “apostles” of economic shrinkage have in fact not hesitated to openly declare, “down with sustainable development” (Latouche 2003). All the more so since the French term for sustainable, “durable”, is open to misuse. Indeed, this translation of the English term “sustainable” by that of “durability” opens the door to a broadening, not to say a corruption, of its proper use. Standard territorial development policies, portrayed as creating jobs, are thereby defined as “durable/sustainable”. This opens the door even wider to a “weak sustainability” made up of small steps or even a self-definition, rather than aiding a paradigm shift.
Businesses and retail promoters have not been shy about using this technique, as will become evident later on. But it is not the main reason why there has been a palpable reluctance to get to grips with sustainable development in the field of retail geography. Debates have found an echo leveraged by the very object of their research, retail trade. Indeed, when one speaks of retail trade, what is actually being referred to? A middleman in charge of connecting supply with demand resulting in an economic transaction. The very word middleman has negative connotations around a lack of confidence in the usefulness of retail traders. This distrust is deeply rooted in our Judeo-Christian heritage on the one hand, and at the other end of the ideological spectrum, the loyal or not so loyal followers of Marxism. Without going into the criticisms in detail, we can quote the very trenchant words of a geographer of the past, Elisée Reclus (1908): “The essence of retail trade has always been fraud” and a little further on, an affirmation that “its useless, cumbersome, nefarious affairs “make a living” for a multitude of people, but society would gain more advantage if it paid them to do nothing”! Certainly not all French geographers of that time nor their descendants share such extreme antipathy. And yet, its choice of topics betray a certain estrangement from the study of retail trade which, in contrast with industry – authentic production! – farming, or services which are perceived as more noble, it appears like the poor cousin of economic and urban geography.
However, the economic, territorial and landscape evidence of a consumer society has led many geographers to take an interest in this sector (Coquery 1977, Delobez & Beaujeu-Garnier 1977). This estrangement, not to mention the indignity of working in such a sector, appears even more misplaced now that it’s no longer hard to justify the place of retail trade at various levels (Beaujeu-Garnier 1982; Dugot 2019). From an economic point of view, it’s useful to take account of the fact that retail trade is not a passive intercessor. It doesn’t just facilitate the flow of a myriad of products, thereby making their distribution possible – it also stimulates this flow more and more.
At the first sign of any rapprochement with sustainable development, distrust in the usefulness of the retail trade sounds a second negative note. Indeed, the justification of the usefulness of retail remains anchored in a consumer society which by its very essence questions the sustainability of development. The reflexive rapprochement of retail and sustainable development can thus be classed as an oxymoron! The purpose of the retail trade being not simply to sell but to stimulate sales, and therefore the production and consumption of goods and resources, it follows that the supply and consumption streams reinforce our environmental footprint. All the more since in recent decades, this consumer society has colonised more and more land: the entire planet supplies goods for shops, and customer catchment areas reach as far as a car can. Moreover, from a social point of view, do we not speak of the “Walmartisation” of jobs to mean the emergence of a class of workers who are badly paid and poorly protected?
This active role of retail as a leavening agent of consumerism elevated to the level of lifestyle engenders a fundamental questioning of territorial development and urban planning and a dilemma for geographers. On the one hand, retail plays an undeniable role in the vibrancy of territories and therefore their attractiveness. At the municipal level as at the level of national rhetoric, the absence of retail trade is seen as a territorial handicap. Specific plans of action have therefore been developed (Dugot 2017): in neighbourhoods whose problems were born of urban functionalism, an organisation called EPARECA¹ has flagged its ambition to “revive through retail”; faced with the widespread decline in town centres in many small and medium-sized towns, operation “Heart of the City” has been set up under the ægis of the government. Since 2017, the aim has been to “revitalise” central spaces, with retailing being an important element in the plan². In every case, it involves supporting a retail trade to which is attributed virtues beyond simple economic exchange. It is cited as an activity essential to community life, an incontestable element in regional sustainability. But do we have to support all development plans focussed on this sector to the effect that they strengthen a consumer society? A shopping centre is an economic activity which has fed fierce competition between the municipalities which have hosted them. It is also true that the regional extent of certain customer catchment areas has cast shade over other regions. An archetypical example is offered by the brand centres and factory outlets which have often led to the renewal of spaces in crisis (for example
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¹Etablissement Public National d’aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux.
²5 billion euros and 222 towns.
in the French cities of Roubaix and Troyes) (Lamy 2009). As much from an urban point of view as a social or economic one, this can seem laudable across the territory concerned. It’s a very different picture from the perspective an operation which aims to generate consumption mobility, sometimes on an international scale.
2. The fertility of a rapprochement at the risk of exploitation
It was thus that retail geography came belatedly, in the mid-2000s, to get to grips with the topic of sustainable development, having thoroughly studied the modernisation of retail trade and the structural transformations which flowed from it. An important milestone was the symposium entitled “Retail trade and sustainable development” which was held in 2005 in Toulouse under the ægis of the Commission Nationale de Géographie et du Commerce. Aren’t retail activities and sustainable development incompatible? Doesn’t the whole process of retail modernisation underpin this over-exploitation of resources? Undeniably. But that’s exactly what makes a reflexive rapprochement of sustainable development and retail trade particularly fertile. The sector is the most obvious potential lever of the decarbonation of our societies, whether on the level of products sold, their origin or the way consumers access them. Besides which, consumption is an important social act, and its imprint on modes of production of space is critical. Lemarchand (2010) is emphatic on this point: “the sustainable revitalisation of cities cannot be achieved without retail trade, because it’s a key element in urban sociability; the exchange is not merely economic, it’s also a social and cultural transaction.” Anyone who contemplates the topic of sustainable development cannot therefore avoid including the retail sphere in the equation. Even if it means advocating its reduction by shortening supply chains.
Retail geography has been further driven down its road to Damascus because businesses, starting with the mass retailers, seized the initiative. From 1996, well before single-use plastic bags were banned by law in 2016, the supermarket group Leclerc banned checkout bags. In 2004, the same group pushed for the development of biofuels. In 2008, the Carrefour supermarket group used an advert3 to unveil its new small-format shops as supports for France’s communities and neighbourhoods whose destruction it had largely brought about with the proliferation of its hypermarkets. Today, nearly 14,000 neighbourhood grocery shops have been rolled out by supermarket chains, compared with 10,000 ten years earlier (Fédération de la Commerce et de la Distribution 2019). In the groceries sector, many businesses highlight the fact that their supplies are sourced locally, forgetting that this only includes fresh produce and leaves aside non-food products rarely included when trumpeting this virtuous localism! When plans for new shopping centres emerge, measures to compensate for land degradation are publicised. The flow of the “sustainability” argument, far from drying up, remains a leitmotiv of business communication.
If supermarket chains grasped the idea with alacrity, it was because they realised that they were fighting on several fronts of “contestability” (Godard 2002). The place given over to CSR (Corporate Social Responsibility) in the sales presentations, the emphasis on local food products, the idea of “responsibility”, the “ethical” dimension of products sold, including own brand labels, is the fruit of “early incident management” of potential threats. It reflects a fairly paradoxical vision of supermarket chains in France: whether as individuals or players in the political sphere, we love supermarket chains which create local jobs, we love to shop there, but they also figure in the ranks of the accused as the
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3 Le Monde, June 2008.
killer of neighbourhood shops, of traditional urban life and complicit in all the evils of globalisation!
But what is retail geography to do with such a profusion of initiatives? First, we can link this non-hierarchical profusion of commitments and actions with a standard but basic sales technique: the abundance of merchandise, sometimes to the point of overflowing, is intended to attract customers while also bamboozling them. The top priority for geographers is to deconstruct all that to the best of their ability, while reinjecting a dose of complexity that is singularly absent from actions presented as so many good practices. The latter often have a defect when it comes to sustainable development, a contradictory insularity which is inevitably wide open to all and any approaches which makes claims of sustainability.
These actions can be filed under four entries: products for sale, corporate social responsibility (CSR), the design and requalification of retail outlets (from boutiques to shopping centres) and a return to localism. These four entries are inseparable: working on a sustainable business from the geographer’s point of view, under whichever entry, means considering the relevant entry as part of a complex whole. Taken as a starting point of the study of the relationship between retail trade and sustainable development, the urban issue leads us to reflect on this relationship first of all on an urban organisational scale and to consider the activity as one function among many others: it is characterised by land coverage, contributes to the construction of the urban landscape and it generates logistical, customer and worker flows. But can we leave aside other lines of inquiry such as the nature of retail establishments? This leads us to look into the business’s strategy, starting with what is sold: where do the products come from? Under what conditions are they produced? The range and scale of the businesses can mean that their value chains reach around the world, ultimately reconnecting with the primordial spectrum of thinking around sustainability - the planet.
A quick synopsis of the work carried out over the last 15 years in the field of retail geography shows that two entries have been favoured by geographers - that of urban retail planning and that of products for sale. Here, we’re talking about urban retail planning in its broadest sense, from studies of the regulatory dimension of retail development management to the architectural dimension of the renewal of business investments. In any case, the work falls within a particular tradition. Let’s take the case of regulatory urban planning. The study of the very specific regulatory framework of retail modernity which emerged at the end of the 1960s and the start of the 1970s is outdated. From the outset, a geographer like Coquery (1977) criticized its basic terms and its intrinsic inability to frame urban retail planning. Furthermore, it is wrongly named, in that it was more of an economic policy than an urban planning measure. Under the influence of legal developments and European injunctions, the question of sustainability nonetheless had more and more input into this regulatory urban planning. And wherever a social or economic diagnosis prevailed, it was the “environmental” dimensions of the law which were examined in the light of their real or presumed consequences for whichever urban space happened to be under discussion (Dugot 2005, Desse). Numerous monographic studies have looked at new methods and forms of retail investment. This entry is more or less explicitly anchored in issues of sustainability, but it seems to be a compulsory backdrop. At the same time, a fairly broad branch of retail geography focusses on the issue of shortening of economic circuits. Geographers, mostly rural specialists, are doing work on the rise of short circuits and the AMAPs⁴ (Boivin 2010; Pouzenc 2007). Underlining these approaches is a consumer geography which has not changed its mode of inquiry much (Sabatier 2006; Lemarchand 2009). Alongside research on buying determinants, the rise of hyper-consumption (Lipovetsky 2006) of ethical or organic products has been highlighted. Beyond its existence as a market studied by economists (Moati 2011) and a stand-out motor among socially marked consumer products (Lipovetsky 2006) it is its uneven
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⁴ Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne.
spatial distribution that betrays retail gentrification in action.
The question of sustainable cities and the place that retail trade occupies or could occupy is the one we will focus on here. As discussed above, this does not relegate parallel inquiries to another dimension, but offers a reflexive framework which focusses on the territorial strategy of the urban space in its functional and social aspects. There can also be resonances demonstrating the benefits of an approach centred on strictly urban considerations around linking of sustainability and retail trade, the city providing the framework for a critical deconstruction of certain practices presented as sustainable. Thus, short circuits and local supply are on a huge upswing. AMAPs or other set-ups which bring producers and consumers of foodstuffs together are developing. Regarding the products consumed, things are moving towards more sustainable consumption with a decrease in market areas and more seasonal produce. But on closer inspection, it is apparent that in terms of logistical and customer flows, this is a net contributor to an increase in journeys made for small quantities of goods (CEREMA). This leads us to organisational questions which bring us back to the necessity of mutualisation, which, beyond the issue of relations between the different players, falls within an urban or suburban space which needs to be redefined. These new circuits also criss-cross towns and cities, creating new dividing lines which correspond to types of food consumption and which are superimposed on other lines (Berroir et al. 2015; Delage, Fleury 2017; Ferrant 2015). In a curious reverse perspective, this contributes to a selective hyper-consumption which is reshaping segregation processes but following a different register from the coexistence described by Milton Santos (1971) in the cities of the global south between the modern and non-modern consumption chains, the first being the prerogative of the wealthier demographics, signalling their de facto integration into a selective modernity. In a country where modernity is widely transmitted and disputed in public narrative, it cannot play a role which has been reshaped by a more distinctive consumption which is, in this instance, more anchored in local spaces which, far from lagging behind, are the new face of the future.
3. An urban entry justified by the crisis of a singular retail modernity
The seedbed of French urban retail planning, understood here as the way that retail trade is integrated into the city, or even shapes its model, is particularly fertile where retail modernisation has been singularly violent. Singularly because if modernity falls within the more or less staggered emergence of a consumer society in the 1950s and 1960s in western Europe, it has taken particular routes producing specific territorial registers of modernity. A quick comparison with Germany is edifying. While in this country the spatial distribution of shops in towns is fairly even from the centre to the periphery, this is not the case in France. Retail modernisation has mostly flourished on the periphery in the form of shopping centres which have sprung up around hypermarkets. This has caused town centres and secondary shopping hubs to suffer, since up to 70% of retail sales have become concentrated in these new edge-of-town shopping hubs. This can be linked to different entrepreneurial histories, but also to France’s less restrictive land management. This singularity is violent because the transformation has been very rapid, leading to disruption accentuated by the relative backwardness of French retail trade at the end of World War II. Let’s take the flagship of retail trade modernisation in France, the hypermarket (defined as having a surface area of more than 2,500m²). The first hypermarket was opened in 1963 by the Carrefour group. By the 1970s, there were already almost 300 hypermarkets and almost 3,000 supermarkets⁵. A fact all the more remarkable because French retailing presented quite an outdated image. In 1953, the country had 942,000 retail businesses, or one shop for every 62 inhabitants against 102 in Germany or 89 in the United Kingdom. In 1963, self-service shops, symbol of modernity, numbered only 63 per million against 558 for Germany! High prices, trade practices from another age, a lack of investment in shops – all these paint a picture of local shopping as an expensive ordeal. If the term “retailapocalypse” is
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⁵Today, the figures are 2,000 and 10,000 respectively.
sometimes invoked in the face of the rise of e-commerce or as a consequence of a very hypothetical “kopskam”, a first wave had already hit in the 1960s and 70s, with the result that half of all French municipalities today have not a single shop, as is the case for many urban neighbourhoods. This modernity was originally pushed for by the population: in 1970, 70% of French citizens were in favour of enlarging supermarkets (Daumas 2006). Better still, they endorsed (Péron 2004) the expression of this modernity, with its visual violence of city approaches which have become gaudy tunnels of a society driven by a desire to satisfy the needs of consumerism. This “shoebox” town planning has developed at all levels of the urban framework, even affecting small towns, leaving traditional town centres abandoned. A victory for the automobile.
This tsunami of retail modernisation is all the more remarkable since it occurs concomitantly with an assigning of heritage status to entire portions of cities. Thus, town centres become oases where it is more and more difficult to get anything done. As in the countryside where the fencing off of wilderness has given the green light to production-oriented farming, the listing of a few neighbourhoods and historic buildings seems to have largely opened the floodgates to a modernising tide that has engulfed the gateway to the city. This has been accelerated by municipal fragmentation and tax competition.
This picture is just one of the panels of the urban polyptych constructed by retail trade modernisation. Never mind the opening up to unbridled globalised trade, where mass-merchandising outlets offer a choice entry into a society where consumer potential accounts for 55% of GDP. Let’s focus exclusively on territorial aspects. The fabric of mass-merchandising outlets woven by the supermarket chains is the most visible element of the transformations wrought by retail trade, due to its functional imprint on the landscape. But its development has cast shade on all the rest. The reshaping of retail presences is global and evident at every level, from urban neighbourhoods to national or regional urban frameworks. This modernisation which endorses the triumph of car-driven mobility has dried up many retail hubs, breaking the local link between retail trade and daily life. Retail modernisation, mandated though it was by customers, has damaged the relationship between retail trade and the city. Society’s need for consumption remains satisfied in accordance with the standard model of modernity which rests on mass retail and products which are mostly imported, because it meets the consumer needs of the majority in French society. Even so, perceptions of this modernisation have changed. In the context of the multifaceted tidal wave of sustainable development, the destabilisation of an age-old relationship between retail and the urban space has become difficult to live with. Its negative external expressions are more and more visible and windows of opportunity to repair the link between retail and the town in the context of a sustainable city become apparent, in the form of legislative injunctions and the new aspirations of a section of consumers. But from words to action, is all this sustainable?
4. Towards sustainable urban planning? The growing integration of sustainable development in the urban trade equation
The sustainable city is an illusion. Now more than ever, we need to accept the fact that the city is a “heterotrophic ecosystem” (Da Cunha 2015). Its retail vocation is, moreover, its traditional expression! Furthermore, we broadly agree with the statement that “the “sustainable city” […] does not exist, either in theory […] or in practice” which leads us to favour the idea “of cities in transition to this desired “sustainable city”” (Levy, Emilianoff 2011). In fact, exploring the notion of sustainable cities, from a retail trade point of view as from other perspectives, leads us to focus on a process with tools, players, visions that are disparate and for some, debatable. If the sustainable city exists in the absolute, it is a distant and uncertain teleology in its temporality and manifestation. That does not invalidate its interest but delineates its scope, making efforts to improve urban life possible, for example, by meeting global CO2 reduction goals of our urban societies. Strictly within our urban fringes, it is postulated that the manner in which consumer goods are sold in a highly consumerist society is not neutral: the density of the urban fabric with its retail facilities, accessibility and therefore modes of customer transport are a long way from being devoid of implications for running a city, posing questions about mobility but also favouring, or at least illustrating, segregation processes.
This is especially true because the image of French urban trade offers, by its very shortcomings, particularly fertile ground for progress. As the quick comparison with Germany suggested, if the modernisation stage was unavoidable, indeed necessary to a certain societal flourishing, the resulting urban model is in no way inevitable. It becomes apparent that room for manoeuvre exists where there is a transformation in retail property supply in a more restrictive legislative context.
Let’s start with businesses. The time is past when a shop could proudly sport a sign such as “Au gaspillage” (“In praise of waste”), a sign displayed in many French towns between 1880 and 1930. This doesn’t mean that we waste less today than we did yesterday. It’s simply that what was acceptable in a society at a time when consumption was limited by relatively low living standards, is no longer acceptable in a mature consumer society. In addition to the efforts cited above in the core business, the adaptation of the retail offer requires that we question the way it is integrated into the urban space. We seem to have moved from a phase that we could describe as “wild” in the sense that its functional framework doesn’t seem to count any more than its collateral damage, to a phase where the manner of its insertion into territories and landscapes matters more. It’s a vindication of proximity. Efforts are being made to aesthetically improve shopping centres. We can observe efforts at reclassification of some urban approaches or the meticulous architectural work of some developments (Broomberg 2004). Sustainable development has become an essential reference point for every retail project. The French market is mature, not to say saturated. Whether it’s using one material rather than another, showcasing the use of natural lighting, treating waste water or rainwater, greening passageways and car parks, improving energy efficiency, or even recycling packaging, all these feebly ambitious projects then seek certification (HQE, BREEAM, BREEAM in use). Indeed, these businesses never miss a chance to publicise the certification of their latest baby in the press. Among the many supermarket chains we could look at, let’s use the example of Lidl, which has seen the strongest growth on the French market. Following a discount strategy and placement of stores which began by targeting working class markets, the chain subsequently positioned itself as more of a generalist retailer. This has manifested as a large-scale revamping of its retail outlets alongside a campaign to market itself as sustainable. A business specialising in energy efficiency, Enerlis, has been its partner in this endeavour: solar panels on roofs, connected LED lighting, optimisation of energy consumption via the choice of air conditioning and refrigeration systems, use of renewable energies, re-use of rainwater, etc.
We can quickly pinpoint the limitations of these certifications, even if only in the geographic scale of their application. But we can’t deny that they represent progress in reducing the environmental footprint of retail establishments, and perhaps more importantly, they have helped to establish once and for all the need to improve things. These efforts have been accompanied by a visual enhancement of retail apparatus (Gasnier; Lemarchand; Dugot 2019). The achievements of a firm like La Cie de Phalsbourg merit a mention for an architectural design which marks a departure from the minimalist architecture of the Fordist period (the Atoll on the edge of Angers, for example). The company displays a “real estate of conviction, [in order] to build the France of tomorrow”. It stakes a claim to certain aesthetic and has no hesitation in leveraging Kant: “Beauty is one of the symbols of goodness.” Perhaps it’s on the commercial peripheries that we’re hearing the first echoes of regret for the famous minister of culture, Jack Lang, proclaiming a “need for beauty” and admitting all-too-common mistake of “making beauty the sole preserve of artists and museums” and, we could add, the old stones of city centres, relegating the peripheral living environment of a majority of French citizens to the rank of planners’ “free fire zones”! While working on retail reconfigurations in urban landscapes, Arnaud Gasnier wondered if ugliness was sustainable (2010). More and more people seem to think it isn’t and if aesthetic choices remain up for debate, a tendency to make more effort is notable. We would do well to consider, as Kant did, that beauty is not without relationship to goodness which we define here as the right to live in a soothing city.
But is it not illusory to think that cathedrals of sustainable consumerism could emerge from all that? Not to mention their capacity to project a light onto the rest of the city? Leaving aside the actual purpose of sustainable consumerism, let’s turn to questions about its insularity within the city. Even when repainted in green, these shopping centres remain islands with the same problems: a monofunctional logic which is accessible almost uniquely by car. These developments do not pose questions about the integration of retail trade into the city in the framework of an overall consideration of urban functioning, notably by failing to take into account the mobility of goods and customers. As much from a social as an environmental point of view, the issue for cities is one of accessibility and the question of how to “re-weave” the city, with its shopping centres as a starting point (Broomberg 2004, 2010). But is this the goal of what remains of the private investments, when it’s just as important for supermarket groups as for developers and property companies to enhance property assets as to develop retail business? What does a marketing strategy consist of? “Greenwashing”? Indeed, how is urban planning to deal with players who are first and foremost concerned with their profits?
Whether in terms of the scope or the purpose of the actions, it is the actions of the public authorities that we are called on to examine. Numerous studies have reported on what is usually called “French-style urban retail planning” (Desse). The expression describes a set of laws which, since the 1970s, have done their utmost to restrict the development of mass retailing. Let’s not forget that this legislative structure has put in place a system for retail planning permission which is distinct from standard urban planning permission. The system has changed several times, in an attempt to adapt to multiple bypassing strategies. The initial goals of maintaining varied forms of retailing out of concern for the protection a large class of small shopkeepers were swept away by the assertiveness of the big retail companies, the success story of French capitalism (Péron). In a context of fiscal competition between municipalities, this legislative arsenal has not made it possible to restrict the triumph of modernisation with the results described above. Successive reforms, whose diversity we do not have scope to describe in detail here (Desse; Dugot 2019), led to improvements in the way retail trade is integrated into urban planning and the planning of urban space. Whether it’s tightening the obligation to provide alternatives to the car for edge-of-town shopping centres, or developing fiscal policies, or urban equipment which favours the reconstruction of retail hubs which weave a finer urban mesh (Operation Heart of the City) or whether it’s about reshaping edge-of-town retail centres in crisis, urban planning documents have, as legislative developments have progressed, incorporated sustainable development as a leitmotif. Ambition is sometimes sadly lacking. Nonetheless, the tools and the objectives born of unavoidable diagnoses of the non-sustainability of urban sprawl dominated by the car and to which retail modernisation has contributed, exist. As part of a certain pragmatism bringing together private partners and local public authorities, the development of edge-of-town zones aims to correct the most obvious architectural and urban planning travesties (Jehl 2018). We can also recall the programmes put in place by the Ministry for Territorial Cohesion and relationships with local authorities in November 2017 whose goal was to “Reshape edge-of-town retail”. Taking six urban land parcels (two on the edge of the Greater Paris region, two in medium-sized towns (Limoges, Thiers), one in a regional conurbation (Marseille – Aix) and one in a medium-sized offshore town (Saint-Pierre in La Réunion), the objective is to requalify these monofunctional retail polarities, some of which were in crisis, in order to move them towards more mixed neighbourhoods and displaying improvements in their urban qualities.
It’s difficult to pronounce a verdict on a number of reorganisations in the sector: will e-commerce, which today has a turnover of more than € 100 billion (of which 56% is in the service sector) or nearly 10% of retail sales, with an annual increase of 13% over the last four years⁶, continue its inexorable rise? Should we sign up to the quick-fire rhetoric about the end of the “flagship” of French retail modernisation, the hypermarket? Will thousands of specialised shops disappear, taking with them a
large part of urban life in many neighbourhoods and small and medium-sized town centres?
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⁶FEVAD, Les chiffres cles du e-commerce (The key figures of e-commerce) 2020.
The Covid 19 crisis has done less to create the problems than it has to reveal a de facto reality. We are at a turning point. But the objective reports of a crisis rub shoulders with opportunities to correct inherited flaws. It starts with systematically putting the retail question into perspective in the broader issue of the urban space and ways of life: housing, work, leisure, mobility.
Changes in retail models, investments, experiments at the intersection of public action and retail investment, rhetoric and reflections are multiplying. Is all this really taking us towards sustainable urban retail planning? A consensus is emerging around the need to produce a different model of urban retail planning with more functional mixing, more proximity, less car-driven mobility, just to stay with the strictly urban. Meanwhile, it shouldn’t be forgotten that proximity also applies to products, referring back to aspirations to more responsible and ethical consumption. However, as we have suggested above, these tendencies also possess potential segregational shortcomings which could become inscribed in the urban fabric. These bring effects which run counter to the model of a sustainable city, that is, a more socially balanced organism. All this demonstrates a necessity: to do urban retail planning, one has to leave behind the sectoral approach that has so far prevailed. But with whom? The modalities, the rhythmicity (incremental corrections or more disruptive processes) and, in the end, the ambition of the transformations to be carried out, all raise questions, including within the geography community.
5. What kind of urban governance? Or, the ideological dimension of a subject.
These errors in the construction of a sustainable retail town point to an ultimate question: Who possesses the legitimacy to orient its morphological and social configuration? This question is a crucial one but it is not ideologically neutral, especially in a country like France which, although formerly capitalist and basically very liberal, notably in terms of urban planning, has developed a mistrust of the private sphere. One has to contend with an ideological inheritance, a cultural heritage which geographers also sign up to. It’s also necessary to contend with a solid centralising and regulatory tradition at a time when other players are on the stage: local and regional authorities and, more recently, citizens who take a more responsive approach to urban development.
Businesses, public authorities at different levels, citizens, all have a claim to urban planning. All of them have the skills and at least their personal experience to contribute. Businesses have the legitimacy of their economic activity matched with the knowledge of what is relevant in order for them to run. The public authorities are supposed to act for the common good in their different jurisdictions. As for the citizens, their legitimacy is as inhabitants aspiring to, at the very least, a decent living environment, starting, for example, with the quality of the air they breathe. But they all also have their limitations. Businesses remain economic agents. The financialisation of business assets with the bursting in of international funds (Mérenne-Schoumaker, Nappi-Choulet 2014) created great tension on the retail property market. A look back over the last few years shows a certain irresponsibility on the part of investors with, between 2000 and 2015, an increase in sales areas representing slightly more than double the rise in consumption. Pascal Madry spoke in 2011 of a “bubble” which holds the promise of future wastelands. As part of a liberal approach to land sales which has contributed to a significant consumption of rural spaces, the public authorities, who are themselves caught up in a competitive logic, have allowed this logic to be imposed on them. And when it was stopped in its tracks, the action of citizens’ groups was notable.
In recent years, citizens have got involved in large numbers (Subra 2016). Their mobilisation was sparked by big transport infrastructure projects, water management or tourism projects, but also by retail facilities. Two examples of legal guerrilla war sounded the death knell for some very big retail projects. One is EuropaCity in the Paris region and Val Tolosa on the edge of Toulouse. Apparently, claims made about the sustainability of these projects do not seem to have paid off, with detractors protesting about more land consumption and the maintenance of a consumerist logic, and fighting to protect biodiversity, although the last element is more a route to legal action than a genuine environmental issue. It is interesting to note that EuropaCity’s retail developers gave the social dimension pride of place in the presentation of their project, under the best auspices of environmental certification. This retail project is located in a département which has accumulated the largest poor and immigrant population in the country. As the developers did not fail to remind us when they paid for a full-page advert in the daily newspaper Le Monde (29th October 2019). They drew attention to an investment of 3 billion euros and the creation of 10,000 jobs in “an area that has fallen into dereliction”. And they quoted the results of a survey carried out in some 20 of the municipalities affected by the project, which showed that 81% of local people were in favour of the project. The project was then presented as “a strong response to promise of a republican equality, guiding all the territories in their economic and sustainable development, and supporting shared environmental ambitions.” Without giving an opinion here on the merits of the case, there are questions to answer about the legitimacy of one side to open a combat which is manifestly not shared by the others. How much scope should a more proactive democracy have in constructing or urban retail planning? Never mind the inconsistency of a citizen-consumer who often finds it hard to bring his opinion as a citizen into line with his reality as a consumer. Let’s look instead at the actual legitimacy of citizen action. As this case shows, civic discourse can also be hijacked by some, or by a certain type of argument. Without even mentioning ‘nimby’-type⁷ motivations, citizens’groups are not neutral in the targets they choose and their means of action (Nez 2015). In other words, the interests of collectives are not those of the whole community!
This brings us back to the importance of a logic of arbitration in urban retail planning. But how to arbitrate? Pascal Madry (2018) talks about the State itself having two schools of thought around urban retail planning. The first places retail’s freedom of establishment above all else, counting on the fact that laisser-faire economics will lead to the sector becoming more competitive, which will automatically result in the city adapting. The second, described as the “planning school”, in contrast with the “liberal” school, focusses less on the business itself than on the integration of the retail business in the territory concerned. Where the first neglects negative externalities of retail property investments left free to choose where they locate, the second forgets the constraints of an economic activity which jeopardise its durability and ultimately its role of revitalising territories. As is often the case, the truth of about constructing a sustainable relationship between the retail trade and the city is located somewhere in the middle of these twin preoccupations. The duty of the geographer must be to deconstruct these “solutions” and the tools over-hyped by businesses which don’t properly respond to the systemic complexity of all and any quests for a sustainable urban space. It should gauge civic mobilisations or the actions of public authorities with the same circumspection. With regard to the importance of retail commerce in the construction of urban space and the functioning of urban society, the involvement of businesses should come in for particular scrutiny. If the construction of a sustainable urban retail trade depends on innovation, it is as much in the capacity to get players with different or even contradictory aspirations to collaborate, than in new forms of retail outlet or changes in the range of products. Shouldn’t be we be reaching out more to new forms of urban contract? And ultimately reconnecting with a national tradition from which we have gone astray, that of an urban planning not limited to regulating the negative effects of the market but a framework for an authentic urban planning policy.
Retail geography has barely made use of the thinking which has come out of Anglo-Saxon critical geography, whose urban specialists were inspired by the thinking of David Harvey. However, the real and recorded facts, clothed though they are in a drive for greenness, also need to be put into perspective within the frame of this work, especially in what it demonstrates about the role of the urban space including commercial retail property, in settling the question of surplus capital and its rotation (Harvey 2011). It is not an appeal for a “real geography of combat” (Duterme 2020). It is, nonetheless, about progressing in our understanding of a complex interaction of players with intertwined legitimacies and aspirations which, if not contradictory, are at least different or prisoners of varying timescales. Acquiring distance doesn’t mean setting aside or adopting a systematically suspicious approach to the
¬¬¬¬_____
⁷ “Not in my backyard”.
actions of retail businesses. But in writing this, we are leaving the purely scientific field and touching a
¬¬¬place where ideology is hard to avoid. Is that even desirable? For all that, the scientific approach which is intrinsic to retail geography must lead to the negotiation of what is relevant to the debate we need to have, and therefore to the arbitration to be advocated on the one hand, and what comes under the heading of posturing on the other. The work of critical geography must find a place in the analysis of the urban retail trade because it is undeniably easy to observe in it the translation of a spatialisation of capitalism through the modes of production, modes which are not neutral either symbolically or in terms of social relationships which they reshape and perpetuate (Harvey 1989).
6. Conclusion
The rapprochement of the retail trade, sustainable development and urban planning, is part of a broader questioning of our ways of life of which the urban space is the prime receptacle. The difficulty is in navigating against powerful currents where the marketing image based on projects which point up certain themes (short circuits) or their spatial expression (virtuous shopping centres) has taken the place of policy. It is insufficient, even counterproductive, to suggest that there is a process where there are, in fact, only a few isolated projects, sometimes socially selective and, in the final analysis, merely skimming the surface of the problem. A whole discourse of deconstruction comes into play, something which has been more or less done by a retail geography (Dugot, Dugot-Pouzenc, Desse, Gasnier). For all that, it is also necessary to avoid entering into a permanent state of suspicion towards any project or act of governance which connects with the private sphere. The retail trade is a private sector activity. To fail to recognise this is less about progress towards a sustainable city than about sinking into futile scholasticism. But that is the opinion of the author of these lines.
In all these respects, the construction site of the sustainable city and of the role that retail activities play there is still wide open. This is all the more true since we should not minimise the numerous unknowns in the equation of a virtuous urban retail planning. Which urban morphology is appropriate? Proximity is often cited: reassembling an urban multifunctionality consisting of short distances, promoting sustainable modes of transport, etc. But what about the logistical angle? Aren’t there other negative effects? How do we contend with a heterogeneous urban heritage made up of a fabric of varying density and where there is no single answer? What about the rise of e-commerce: how do we integrate that myriad of deliveries into the equation? What is the most virtuous way of organising logistics? All this is a field that is still wide open: we need to experiment, understand, diagnose the localisation of the retail establishments in relation to customers with regard to all the externalities, but also integrating the whole of the logistical chain. More than ever, thinking about a retail entry to a sustainable city means not getting locked in there! Nor can retail geography avoid interdisciplinary input and debates of a more ideological tone.
French to English: Un fab-lab d'entreprise pour développer l'ambidexterité des salariés - étude de cas chez Renault General field: Bus/Financial Detailed field: Management
Source text - French http://www.tbsearch.fr/un-fab-lab-dentreprise-pour-developper-lambidextrie-des-salaries-etude-de-cas-chez-renault/
Translation - English http://www.tbsearch.fr/en/a-company-fab-lab-to-develop-employee-ambidexterity-case-study-renault/?fbclid=IwAR1OMyBDI4h5rVP-hwxoinXeBw4ae9fueXgP_3FfB-tXSAjSneoTWHzUl9A
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I currently translate for several French universities, undertake subtitling missions for TV5 Monde and translations missions for the US agency, Protranslating. The Toulouse Business School, a highly respected business and management school in France, has also used my services regularly. TBS's head of international communications, Cinta Pluma, said:
"We have been working with Laura Haydon for more than 15 months and during all this time we have received an excellent service. As we are a Business School, our content is mainly related to programs and academic research. Miss Haydon provides an excellent translation service for academic articles (management and strategy fields, mainly) and her writing skills are essential for the proofreading and editing missions she carries out for us. She is responsive, meets deadlines and provides quality work.
As well as business and marketing, I also specialise in history and heritage, arts and culture, environment, social affairs, religious affairs, politics, economics, humanitarian and development issues, patents, and science.
I am a former journalist whose work has featured on the BBC, Deutsche Welle, Radio Netherlands, MSNBC.com, Radio Telefis Eireann and The Guardian. My fields were news and current affairs, religious affairs, social affairs, arts and culture, and science. I have also worked as a bilingual journalist for Swiss Radio International (now Swissinfo) and World Radio Switzerland.
I have worked as a bilingual editor for Larousse French-English dictionaries, and a former guide and translator for Les Musées et Monuments de la Ville d'Avignon. My first job after competing my BA Hons in Linguistics and French was as a proofreader of industrial patents in English, French and German.
Keywords: French, translation, editing, subtitling, journalism, history, heritage, business, politics, economics. See more.French, translation, editing, subtitling, journalism, history, heritage, business, politics, economics, current affairs, arts. See less.